Martine Brunschwig Graf: "Ce qui est différent cette fois, c'est le nombre d'actes antisémites"
La présidente de la Commission fédérale contre le racisme (CFR), Martine Brunschwig Graf, quittera ses fonctions en fin d'année. Après avoir passé douze ans à lutter contre toutes les formes de discriminations, elle revient sur le racisme et les effets en Suisse du conflit entre le Hamas et Israël.
Depuis l'explosion du conflit entre le Hamas et Israël le 7 octobre dernier, la Commission européenne condamne la résurgence de nombreux actes antisémites, comme des tags, des profanations, des agressions et des manifestations.
La Suisse n’est pas épargnée par le phénomène. La Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (CICAD) a déjà recensé près de 250 actes antisémites en Suisse romande, essentiellement sur internet, mais aussi dans des écoles.
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"A chaque fois que le conflit au Proche-Orient s'intensifie, on voit ce genre d'actes antisémites. Mais ce qui est différent cette fois, c'est l'intensité, le nombre. Il y a une forme de polarisation à laquelle il faut prêter une grande attention", met en garde Martine Brunschwig Graf , sans pour autant juger que cette polarisation puisse s'installer dans le temps.
Elle relève également que la CICAD a observé plusieurs actes islamophobes. "On doit se dire aujourd'hui qu'on vit ensemble et que les conflits ne doivent pas venir en Suisse sous la forme de prétexte en faveur du racisme et et de l'antisémitisme", préconise-t-elle.
On observe que plus de 60% des Suisses estiment que le racisme doit être pris au sérieux et qu'il faut le combattre
Davantage de vigilance face au racisme
En octobre dernier, la CICAD a épinglé l'UDC pour ses affiches de campagne "qui appelaient à la haine et au rejet des étrangers", selon les propos de Martine Brunschwig Graf.
"Je pense que les partis politiques, celui-ci comme les autres, doivent se souvenir que l'on peut aborder n'importe quel thème et avoir n'importe quelle position, mais que les moyens qu'on utilise pour les défendre doivent respecter l'autre et ne peuvent pas être des appels à la haine", considère la présidente de la CFR.
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Selon elle, il est dur d'estimer si le racisme a baissé, étant donné qu'il n'y a pas de monitoring - ou surveillance - des actes racistes. "Néanmoins, on observe que plus de 60 % des Suisses estiment que le racisme doit être pris au sérieux et qu'il faut le combattre".
Elle remarque également un changement au sein des médias. "On a constaté, au fil des années, une attention particulière de leur part sur ces sujets, y compris dans la façon dont ils les traitent, sans pour autant que la liberté de presse et d'expression soit atteinte", ajoute Martine Brunschwig Graf.
Douze années de luttes contre le racisme
Depuis 2012, l’ancienne conseillère d’Etat genevoise et conseillère nationale PLR préside la CFR et se bat contre toute forme de racisme.
"Je me demande toujours ce qu'on pourrait faire mieux. Je pense au fait qu'il y a des chantiers ouverts, notamment par rapport aux jeunes, à la pédagogie, à la formation des enseignants. Mais je m'en vais, non pas le cœur léger, mais en ayant le sentiment d'avoir fait ce que je pouvais", estime la future ex-présidente.
La socialiste fribourgeoise Ursula Schneider Schüttel succédera à son poste à la fin de l'année. "Je lui souhaite de prendre du plaisir dans cette tâche, parce que malgré le fait que c'est un sujet difficile, cela vaut la peine de s'engager", conclut Martine Brunschwig Graf.
>> Retour sur le combat de Martine Brunschwig Graf dans le 19h30 :
Sujet TV: Christophe Ungar
Adaptation web: Raphaël Dubois
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