Guillaume Cassaigneau: "La Suisse doit travailler avec ses voisins pour son approvisionnement énergétique"
Le Genevois Guillaume Cassaigneau, 39 ans, dirige depuis peu la section des affaires internationales de l’Office fédérale de l’énergie (OFEN), dont le ministre de tutelle est Albert Rösti.
A l'étranger, l'ambassadeur doit défendre la politique énergétique du Conseil fédéral et établir des partenariats internationaux.
"La Suisse est dépendante à plus de 75% de l'international pour sa fourniture énergétique. Dans l'électricité, la dépendance est moindre. Elle est saisonnière: en hiver, nous avons besoin d'importer du courant, car nous ne produisons pas assez", explique-t-il. Dans les énergies fossiles, la dépendance est totale. "A ce titre, la Suisse doit travailler avec ses voisins pour son approvisionnement", souligne le diplômé en économie de l’Université de St-Gall, spécialisé en macro-économie et en finance des marchés des matières premières.
La place du Conseil fédéral et de la section des affaires internationales de l’OFEN dans le domaines de l'énergie a notamment été rendue visible avec l'éclatement de la guerre en Ukraine et les tensions dues à la réduction des importations d'hydrocarbures russes en Europe. Ainsi, par exemple, Suisse, Allemagne et Italie sont à la table des négociations pour un accord de solidarité sur le gaz.
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Expliquer le fonctionnement helvétique
Le rôle de Guillaume Cassaigneau est également de faire comprendre aux acteurs étrangers la position et le fonctionnement de la Suisse. "Cela fait partie de mon travail d'expliquer à nos voisins pourquoi la Suisse prend du temps pour prendre ses décisions qui sont, au final, beaucoup plus robustes", dit-il. La démocratie directe et le fédéralisme impliquent des processus plus longs, mais qui permettent d'assurer des majorités, argumente celui qui a également été actif dans le trading de matières premières au cours de son parcours professionnel.
Ainsi, en septembre, avant sa nomination comme ambassadeur, un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) reprochait à la Suisse une transition énergétique trop lente.
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"La temporalité pour développer le triplement des énergies renouvelables et le doublement de l'efficacité énergétique pour réduire la consommation nécessite un alignement de lois, de volontés politiques et de financements. Cela prend du temps", remarque le nouveau responsable de la diplomatie énergétique suisse.
Propos recueillis par Delphine Gendre
Texte web: Antoine Michel