Le tri des déchets, ça change quoi pour vous?

La production de déchets en Suisse est l’une des plus élevée au monde. Au fil du temps, la Suisse est aussi devenue une championne du tri. Son taux de recyclage a doublé en une trentaine d’années passant de 25% à 53% en 2019.

Concrètement, la proportion d’ordures ménagères a diminué pour atteindre 148 kilos par personne et par an, contre 206 kilos en 2012.

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Cette bonne nouvelle est néanmoins ternie par le fait qu'il reste encore trop de déchets organiques dans nos poubelles. La nourriture jetée représente 50 kilos, parmi lesquels 25 kilos de denrées alimentaires, 2,2 kilos de viande et de poisson, 23 kilos d'épluchures. Au total, 31 kilos de ces déchets pourrait être valorisés.

Les déchets triés et valorisés

Réduire la part de nourriture dans nos poubelles, c’est augmenter la part du compost, qui peut être valorisé en biogaz ou pour l’agriculture. Au centre vaudois de tri de Lavigny, qui gère les déchets organiques de 40% de la population du canton de Vaud, on sait la valeur du compost.

"D’après les données de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), 20 habitants pourraient produire environ 2m3 de compost par année, de quoi couvrir les besoins d’un jardin potager et produire 10 litres de carburant (…) Alors mangez sainement, achetez la salade entière. Si la moitié de la salade vient chez nous, c’est très bien, je préfère ça plutôt qu’une barquette avec un petit peu de salade qui a déjà été lavée et nettoyée. Et la barquette ne m’intéresse pas", détaille Luc Germanier, responsable du centre de tri des déchets de Lavigny dans la Matinale du 24 novembre.

Ce qu’on ne trie pas est incinéré dans les usines. Depuis près d’un siècle, on valorise cette chaleur pour le chauffage des foyers. En 1928, Zurich devient pionnière en la matière, suivi par Tridel à Lausanne en 1934, mais c’est en 1970 que le chauffage à distance grâce à l'incinération des déchets s'est généralisé.

>> Le sujet de La Matinale en direct du centre de tri de Lavigny :

Merci la taxe poubelle

Si la taille de nos poubelles a diminué, c’est parce qu’on a bien intégré le tri du verre, du papier et même du plastique. Et c’est en grande partie grâce à la taxe poubelle.

Cette taxe a été instaurée en premier par Saint-Gall en 1975, suivi par Berne en 1991 et Zurich en 1993. Fribourg est pionnier en Suisse romande en 1996, avant que la taxe poubelle ne devienne une loi fédérale, intégrée en 1997, dans la loi sur la protection de l'environnement, sur le principe du pollueur-payeur

La tâche est déléguée aux cantons, puis aux communes, qui doivent fixer une taxe de base afin de couvrir le coût réel de la gestion des déchets. Deux systèmes s'imposent: la taxe au poids (on pèse et on paie en fonction) ou, le plus courant, le sac taxé, qui s'est imposé dans la majeure partie des cantons romands. Vaud l'a adopté en 2013 et le Valais en 2018 dans sa partie romande (avec des exceptions à Monthey et Vétroz).

Genève reste le seul canton suisse qui n'a pas encore adopté la taxe au sac. En septembre 2022, sa population a accepté une nouvelle loi instaurant le tri obligatoire des déchets, mais son application est suspendue à l'aval de l'Office fédéral de l'environnement et à la justice suite à quatre recours.

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Le levier de l'économie circulaire

Même si la Suisse se voit comme championne du tri, ses 53% de part de recyclage, la situent juste au-dessus la moyenne européenne (49,6%). Loin derrière l’Allemagne à 71,1%, mais loin devant la Roumanie (11,3%).

Seuls 7% des objets employés en Suisse sont réutilisés, c’est moins que dans d’autres pays, alors que l'on sait qu’extraire et traiter les matières premières qui peuvent s’y trouver est catastrophique pour l’environnement et la biodiversité.

"La loi aujourd’hui prévoit l’élimination des déchets. Nous voulons que les objets soient réutilisés et soient réparables avant de devenir des déchets", explique Thomas Putallaz, président de "NoOps" "No Obsolescence programmée suisse".

Pour valoriser les déchets et y trouver de la matière première à recycler, Aude Despois, scientifique au Centre d'innovation Novelis Sierre, pense que la loi doit changer: "Pour améliorer l’économie circulaire dans l’automobile, il faut qu’on ait accès à ce déchet qui a une haute valeur et pour cela nous avons besoin d’un cadre légal qui va aider à changer la façon de faire actuelle."

Selon l’OFEV, même si tous les déchets pouvaient être réintroduits dans les circuits de matériaux, ils ne couvriraient qu’un cinquième des besoins actuels. Pour que l’économie soit circulaire, il faut donc, en plus du recyclage, d’autres stratégies contribuant à une réduction de la consommation globale de matériaux.

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Et vous dans tout ça?

Pour réduire votre production de déchets, le site Zerowasteswitzerland.ch donne une foule de conseils pratiques, qui au passage vous feront économiser de l’argent.

Pour ce qui est du gaspillage alimentaire, là aussi il existe plein de conseils, comme planifier les repas de la semaine, lister ses courses, lister le stock et préférer le vrac.

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Le site swissrecycle.ch liste des conseils de recyclage et rappelle par exemple que la loi oblige les vendeurs d’appareil électroménager à les reprendre.

Enfin, soyez particulièrement attentifs à vos batteries au lithium (smartphones, cigarettes électroniques). Depuis début juin, elles auraient provoqué des incendies dans plus d’une dizaine de centres de tri.

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Claire Burgy