L'augmentation temporaire de la production hydroélectrique n'a pas atteint son objectif
Le Conseil fédéral avait décidé fin septembre 2022 d'abaisser les débits résiduels des cours d'eau durant sept mois dans certaines centrales hydroélectriques pour augmenter la production d'électricité et, ainsi, renforcer la sécurité de l'approvisionnement en Suisse. Au total, 44 centrales hydroélectriques réparties dans 13 cantons ont mis en oeuvre l'abaissement décidé.
La mesure a permis d'accroître la production d'électricité de 26 GWh au total, alors que la production supplémentaire attendue était de 150 GWh, a indiqué jeudi l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).
Des contraintes techniques
Cette différence s'explique notamment par le fait que certaines centrales n'ont pas pu, pour des raisons techniques, appliquer les mesures prévues. Les centrales transfrontalières n'ont quant à elles pas bénéficié du soutien des autorités étrangères.
Par ailleurs, l'ordonnance du Conseil fédéral a été mise en oeuvre entre octobre 2022 et mars 2023, soit un mois de moins que prévu. Les débits résiduels à disposition pendant l'hiver ont aussi été plus faibles qu'attendu. Enfin, la sécheresse a probablement eu des effets négatifs par endroits sur la production d'électricité.
Augmentation de la pression sur la nature
L'évaluation de l'OFEV montre que, dans 8 des 15 cours d'eau analysés, l'abaissement des débits résiduels "a augmenté la pression sur la nature". Les tronçons à débit résiduel semi-naturels et dont le débit a fortement été réduit ont été particulièrement touchés.
La reproduction piscicole a ainsi vraisemblablement été entravée en 2023. Les populations menacées de nases et d'ombres ont aussi été touchées. Mais "il convient de partir du principe que seule une application à long terme de la réglementation aurait porté une atteinte irrémédiable à la biodiversité", note l'OFEV.
Sur recommandation du Conseil fédéral, d'autres mesures ont par ailleurs été prises par les cantons. La hauteur de retenue et donc la hauteur de chute exploitable ont généralement été augmentées, ce qui a permis une hausse de la production d'énergie de 5,5 GWh. Cette mesure a suscité moins de réserves sur le plan écologique.
ats/ami
Moins de risque de pénurie d'énergie cet hiver, selon le directeur de BKW
Le directeur de l'énergéticien BKW Robert Itschner estime que la Suisse est bien positionnée pour affronter l'hiver, en dépit des difficultés sur les marchés énergétiques. La réduction de la consommation contribue à cette situation.
"Le contexte actuel du marché de l'énergie est difficile, marqué par de fortes fluctuations des prix et des pics temporairement élevés", a déclaré Robert Itschner dans une interview publiée jeudi par le portail d'informations financières Cash.ch. Le dirigeant a cité comme causes la situation géopolitique, la part croissante des sources d'énergie renouvelables et dépendantes des conditions météorologiques ainsi que la dynamique générale du marché.
Les conditions météo cruciales
"La situation actuelle de l'approvisionnement est certes tendue, mais il semble que nous soyons bien positionnés pour l'hiver à venir". La demande en électricité actuellement contenue apporte une certaine sérénité. Parallèlement, les réservoirs d'eau et de gaz sont bien remplis.
Toutefois, la situation pourrait rapidement évoluer. "Le risque de pénurie d'électricité en hiver dépend fortement des conditions météorologiques et de la disponibilité des centrales électriques dans toute l'Europe".
Par ailleurs, Robert Itschner a insisté sur l'importance d'un accord sur l'électricité entre la Suisse et l'UE. "Sans un tel accord, nous sommes confrontés à des défis tels que des capacités d'importation potentiellement réduites et des flux d'électricité non planifiés, qui pourraient nuire à la stabilité du réseau et à la sécurité de l'approvisionnement en Suisse."