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Alain Berset: "Les années Covid ont été très brutales pour moi"

#Helvetica: Alain Berset, Président de la Confédération
#Helvetica: Alain Berset, Président de la Confédération / #Helvetica / 22 min. / le 2 décembre 2023
Après 12 années passées au Conseil fédéral, le président de la Confédération Alain Berset s'apprête à tirer sa révérence. Invité samedi dans l'émission Helvetica, il tire le bilan de sa carrière politique au sein du gouvernement, durement marquée par la crise sanitaire.

"Pour la première fois de ma vie, mon agenda est vide. Je me réjouis de pouvoir m'observer de l'extérieur et voir ce qu'il se passe", sourit Alain Berset.

Interrogé sur son retrait de la vie politique fédérale à seulement 51 ans, le ministre en charge de la Santé explique avoir eu le privilège de commencer la politique très tôt. "Cela a toujours été clair pour moi qu'il y aurait une fin et une vie après. La durée de 12 ans me paraît idéale. Ce qu'on n'a pas apporté en 12 ans, on ne va pas l'apporter à la 13ème année".

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Un facteur chance

Alain Berset explique également avoir voulu attendre que "le cycle Covid" soit terminé pour se retirer. "La vie au Conseil fédéral est très dure de manière générale. C'est un travail extrêmement prenant. Mais quand le Covid a éclaté, la période est devenue brutale, sur tous les points de vue. Que ce soit en termes de volume de travail, de menaces, de responsabilités ou encore de manque de sommeil", confie-t-il.

Concernant le secret de sa fulgurante ascension politique, le président de la Confédération invoque le facteur chance mais aussi le fait d'avoir su saisir les opportunités. "J'étais très engagé, j'ai beaucoup appris. Il faut aussi être là au bon endroit, au bon moment. Il est, enfin, beaucoup question d'envie. On ne peut pas faire de politique sans aimer les gens."

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Également confronté aux récentes critiques qui le visent, notamment celle de ne pas s'être rendu à Kiev en début d'année, le socialiste répond avoir "essayé d'aller là où ça faisait sens". "Pourquoi aurais-je dû me rendre à Kiev? Pour la photo? Je suis allé dans des zones de conflit comme le Mozambique ou la Colombie pour des processus de paix en cours."

Réaction face aux critiques

Alain Berset se dit également très "surpris" et "touché" par les reproches concernant son manque de prise de parole sur la lutte contre l'antisémitisme, qu'il ne juge pas fondés. "Je m'engage depuis des années contre le racisme et l'antisémitisme dans notre pays, beaucoup de travaux ont été faits dans ce sens. J'ai dénoncé les attaques terroristes du Hamas contre Israël. J'ai même incité les cantons à se retrouver pour parler de la lutte contre l'antisémitisme à l'école. Honnêtement, je n'ai pas compris ces reproches", se défend-il.

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Même si je récupère gentiment, la période du Covid m'a laissé une fatigue très profonde

Alain Berset, Président de la Confédération

D'un point de vue général, Alain Berset estime que les critiques à son encontre se sont intensifiées avec la période Covid. "Avant il n'y avait rien de tout ça. Les tensions liées à la crise sanitaire ont conduit à des réactions plus fortes, à des affrontements plus directs (...) Je suis entré au Conseil fédéral comme un être humain, avec mes forces et mes faiblesses, j'ai donné mon maximum et je pense avoir été authentique."

En ce qui concerne la suite qu'il souhaite donner à sa carrière, Alain Berset reste évasif. Il confie avoir besoin de temps, mais surtout de repos. "Même si je récupère gentiment, la période du Covid m'a laissé une fatigue très profonde. J'ai besoin de temps pour réfléchir mais aussi pour mes loisirs, que j'ai dû mettre de côté. Je viens d'ailleurs de m'acheter une nouvelle paire de ski", sourit-il.

Propos recueillis par Philippe Revaz

Texte web: Hélène Krähenbühl

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