L'assemblée de la Conférence de l'Eglise catholique renonce à des sanctions financières sur les abus sexuels
Deux semaines après la publication d'un rapport préliminaire sur les abus sexuels dans le clergé, la Conférence centrale des catholiques suisses avait tenu des déclarations chocs. Le comité de la faîtière des églises émettait quatre revendications et concluait sa missive par une menace financière si les discussions avec les évêques devaient échouer.
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Avec la main sur 1% de l'argent public versé à l'Eglise catholique, la Conférence centrale peut exercer une pression financière de 13 millions de francs. Ce levier financier n'a donc finalement pas été accepté.
"L'échange est plus efficace que la menace"
Roland Loos, qui a été élu président de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse par l'assemblée vendredi, explique dans Forum que cette sanction financière n'était plus utile.
"On a recréé au fil des mois et des semaines passés un nouveau climat de confiance. (...) Beaucoup de choses se sont passées ces derniers mois avec une vitesse assez remarquable qu'on n'a pas l'habitude de voir dans l'Eglise catholique."
Et de préciser: "On considère aujourd'hui que l'échange, la persuasion, l'explication seront une meilleure méthode que simplement jouer au bac à sable en émettant des menaces".
Adoption de quatre mesures
Les quatre revendications émises par le comité - qui sont déjà partiellement mises en oeuvre - ont toutes été acceptées à une large majorité ce week-end. L'assemblée - constituée de personnes qui oeuvrent dans les églises cantonales, soit comme salariés soit comme bénévoles - reconnaît que son institution peut mieux faire.
Ses exigences vis-à-vis de l'Eglise sont les suivantes: (1) épauler d'un externe l'évêque qui enquête sur ses pairs, (2) donner plus de prérogatives au service de signalement des abus, (3) créer un tribunal pénal ecclésiastique et (4) ne plus défavoriser les laïcs qui postulent auprès du diocèse, parce qu'ils sont concubins, divorcés ou homosexuels.
La morale sexuelle, rigide et homophobe, est l’une des causes systémiques des abus sexuels au sein de l’Eglise catholique, écrivait le comité de la Conférence centrale des catholiques pour justifier ses revendications votées samedi.
Romain Carrupt/asch