Des PFAS retrouvés dans presque la moitié des échantillons d’eau du robinet en Suisse
Les PFAS, substances per- et polyfluoroalkylées, sont très appréciées par l’industrie. Ce groupe de produits chimiques difficilement biodégradable inclut notamment les PFOS (acide perfluorooctane sulfonique et ses sels) et les PFOA (acide perfluorooctanoïque et ses sels), deux composés entièrement fluorés. Utilisés durant des décennies dans l’industrie textile, les appareils électroniques, les enduits pour le papier, les peintures ou les mousses anti-incendie, les PFOS et PFOA font l’objet d’une interdiction en Suisse et dans l’Union européenne depuis 10 ans car ils présentent un risque pour la santé (cancérogènes possibles) et l’environnement.
Cependant, ces deux produits se trouvent encore dans l’environnement, la chaîne alimentaire et le corps humain. En Suisse, des valeurs maximales pour les PFOS et PFOA sont définies dans l’ordonnance sur l’eau potable et l’eau des installations de baignade et de douche accessibles au public (OPBD).
Face à ce constat, l’Association des chimistes cantonaux de Suisse (ACCS) a décidé en 2023 d’évaluer la présence de PFAS dans les eaux du robinet de Suisse et du Liechtenstein. Ainsi, cinq laboratoires cantonaux ont analysé 564 échantillons, ce qui représente environ 70% de l'approvisionnement en eau potable de la population suisse.
Valeur maximale européenne dépassée dans cinq cas
Dans le rapport publié en octobre 2023, dans 306 échantillons sur 564, soit 54% des eaux potables prélevées, les analyses n’ont décelé aucun résidu de PFAS. Cela signifie que les 258 échantillons restants (46%) contenaient des résidus. Ces résultats signifient également que les sources d’approvisionnement d’eau, notamment les eaux souterraines, sont touchées et que cela est visible dans près de la moitié des échantillons.
Sans surprise, la substance la plus détectée est le PFOS, un cancérogène possible qui est interdit depuis 2010 et dont la présence était déjà bien attestée dans le corps humain par l’étude de biosurveillance humaine de l'OFSP parue en août 2023. Au total, 12 molécules de la famille des PFAS apparaissent dans l’étude qui en a recherché 20.
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Si tous les échantillons étaient conformes aux valeurs maximales figurant dans l’OPBD, cinq d’entre eux dépassaient la valeur maximale européenne (directive sur l’eau potable 2020/2184) d’un microgramme par litre, qui n’est à l’heure actuelle pas contraignante en Suisse. Parmi ces cinq échantillons, un se situait en Suisse romande. Le rapport ne précise pas de quelle région il s'agit.
Des résultats plutôt rassurants
Il n'y a toutefois pas de quoi s’alarmer, selon Patrick Edder, chimiste cantonal genevois, qui précise dans l’émission On en parle: "Nous avons été assez agréablement surpris. Nous avions l’inquiétude que nos nappes phréatiques soient contaminées avec ces PFAS. La Suisse devrait prochainement reprendre les nouvelles normes en vigueur dans l’Union européenne. En projection, dans cinq cas, nous avons remarqué un dépassement de normes. Pour ces cinq cas, nous savons déjà que les producteurs d’eau auront des solutions de rechange soit en faisant des mélanges, soit en s’approvisionnant autrement."
Et de conclure: "On peut faire confiance à nos réseaux d’eau potable. C’est la denrée alimentaire la plus contrôlée aujourd'hui, autant par les producteurs d’eau que par les chimistes cantonaux."
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Podcast - C'est quoi, cette histoire de polluants éternels?
Sujet radio: Mathieu Truffer et Bastien von Wyss
Adaptation web: Myriam Semaani
Le PFOA, de la famille des PFAS, classé cancérogène
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a récemment évalué les effets cancérigènes de l'acide perfluorooctanoïque (PFOA) et de l’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS). Interdites en Europe en 2020 et 2009, ces deux substances sont toujours présentes dans l'environnement. Le PFOA était auparavant présent dans le Téflon par exemple.
Jeudi 30 novembre 2023, le CIRC a publié une étude dans la revue The Lancet Oncology classant l'APFO "cancérogène pour les humains" et le SPFO "cancérogène possible".