Un tiers des étudiants en médecine prêts à abandonner après une première expérience pratique
Selon une étude de l'Association suisse des étudiants en médecine, 34% des étudiantes et étudiants sont prêts à changer de voie après leur stage de fin d'études à l'hôpital, alors même qu'ils sont en sixième année et qu'ils ont presque achevé leur cursus.
Ce stage consiste à passer entre six et douze mois à l'hôpital, avec pour charge d'aider les médecins-assistants.
Des conditions pour éviter de démotiver les étudiants
Interrogé lundi dans Forum, Marc Reynaud de la Jara, l'un des auteurs de l'étude, par ailleurs étudiant en quatrième année à l'Université de Lausanne, relève que la confrontation à la réalité du métier de médecin fait réaliser aux étudiants qu'ils ne sont pas prêts à faire tous ces sacrifices.
Pour améliorer ces conditions et éviter de démotiver les étudiants, qui seront utiles ces prochaines années dans un contexte de pénurie de médecins, Marc Reynaud de la Jara émet plusieurs exigences. La première concerne le respect de la loi: celle-ci exige que les 50 heures de travail par semaine ne soient pas dépassées. Or, dans de nombreux cas, on arrive à 56 heures en moyenne, relève-t-il.
L'association demande aussi une augmentation du temps que les médecins passent avec les patients. "A l'hôpital, les médecins passent aujourd'hui une minorité du temps auprès des patients. La majorité du temps est occupée par du travail administratif", déplore l'étudiant.
Et de citer aussi la digitalisation des procédés qui pose d'importants problèmes, car les systèmes ne sont pas compatibles entre les hôpitaux, ce qui fait perdre beaucoup de temps.
Le rêve du temps partiel
La question du temps partiel est également importante. Nombre d'étudiants rêvent de travailler à terme à temps partiel, à 80% si possible. Et avec un contrat à 50 heures, cela représente tout de même autour de 42 heures de travail, donc un 100% dans beaucoup de domaines.
Marc Reynaud de la Jara relève par ailleurs que les conditions du métier ont changé: "La situation empire et de plus en plus de médecins-assistants disent voir des erreurs médicales, notamment à cause de la fatigue." Et comme la société évolue, les étudiants en médecine "se rendent compte qu'ils peuvent demander à être respectés comme tous les autres métiers".
Il estime au final que les étudiants se rendent vite compte qu'ils ne pourront pas accomplir la médecine qu'ils aimeraient et que leurs sacrifices ne mèneront pas à leur but, "car ils seront fatigués, surchargés et au final pas les bons médecins qu'ils voudraient être pour leurs patients. Or, la population souhaite être traitée par des médecins en bonne santé et non trop fatigués et sans aucun temps disponible".
>> Lire aussi : Les écoles de santé redoublent d'efforts pour former davantage d'infirmiers et infirmières
Propos recueillis par Renaud Malik
Adaptation web: Frédéric Boillat