"Les premiers jours, par moments, j'étais un peu angoissé, pas tant par le fait d'être élu au Conseil national, mais surtout par le fait de devoir réorganiser mes entreprises." Après la joie de l'élection, Didier Calame a rapidement été confronté aux défis de ce mandat fédéral, qui vient s'ajouter à une double occupation d'agriculteur et de patron d'une entreprise de débouchage.
"J'ai engagé du personnel et je passerai un peu plus de temps pour la politique, moins dans mes entreprises", explique l'élu UDC des Planchettes, près de La Chaux-de-Fonds (NE). "Le plus difficile pour moi sera de déléguer, mais je reste le patron."
Pour Brenda Tuosto, cette élection est aussi synonyme de réorganisation. A Yverdon-les-Bains (VD), elle siège au Conseil municipal. Au terme d’un vif débat, le PS vaudois lui a octroyé une dérogation pour lui permettre de cumuler ces deux mandats, mais il a fallu prévoir des aménagements avec ses collègues. "La situation était connue au moment de la campagne. Maintenant, il faut voir comment on avance pour faire en sorte que ça fonctionne", déclare la socialiste. "Si ce n'est pas le cas, on prendra les décisions ensemble et je suis prête à entendre tout ce que l'on me dira."
Réviser son allemand
Pour ces deux élus, les préparatifs en vue de la première session passent aussi par des leçons d'allemand. "J'espère ne pas être la seule conseillère nationale à galérer", sourit Brenda Tuosto. "S'il y a un investissement à faire, c'est celui-là. C'est quand même la base de la négociation."
Elle a donc décidé de prendre des cours. Un choix qu'a également fait Didier Calame: "Une charge de plus. Mais je suis obligé, c'est vrai que je ne suis pas très bon en allemand."
Une influence à construire
Alors que les premiers pas sous la Coupole fédérale approchent, l'impatience est de mise pour les deux conseillers nationaux. "Avec une pointe de nervosité", souligne Brenda Tuosto le Jour J, avant de prendre le train pour Berne.
Didier Calame est lui déjà au Palais fédéral. Avant le début de la session, la conférence des parlementaires paysans auditionne les candidats socialistes au Conseil fédéral: "On écoute, ils se vendent", sourit l'UDC.
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Mais en tant que nouvel élu, il se rend compte que son influence sera limitée les premiers temps: "C'est frustrant. On est nouveau, tout le monde nous félicite, mais on sent qu'il y a les acquis des anciens". On lui a par exemple fait comprendre que l'accès à certaines commissions serait compliqué. "Je comprends. Il faut aussi que je m'impose rapidement pour pouvoir être influent". Brenda Tuosto attend aussi de savoir quelle commission lui sera attribuée par son groupe.
Puis vient le moment officiel de l'assermentation. "C'est important de promettre de respecter le cadre constitutionnel", relève Brenda Tuosto. Quels premiers objectifs se fixent-ils? "Déjà apprendre et puis déposer des objets", répond Didier Calame. "Comprendre les rouages pour faire avancer les dossiers et être très à l'aise en allemand pour négocier, ce sont deux éléments fondamentaux", ajoute la socialiste. Pour tous les deux, le travail ne fait que commencer.
Cédric Guigon, Guillaume Rey