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Le Conseil fédéral sera-t-il bientôt l'un des plus vieux de l'histoire?

Les femmes et les hommes du Conseil fédéral.
Les femmes et les hommes du Conseil fédéral.
Selon les observateurs, le Bâlois Beat Jans part avec un léger avantage pour succéder à Alain Berset face à son jeune concurrent grison Jon Pult. S'il est élu mercredi, la moyenne d'âge du gouvernement sera parmi les plus élevées de l'histoire.

Impossible toutefois de prédire si cette question sera cruciale le mercredi 13 décembre. L'historique du Conseil fédéral montre que de nombreux paramètres entrent en ligne de compte. Les équilibres entre partis, régions linguistiques et genres s'avèrent plus déterminants. La surreprésentation des Latins a, par exemple, suffi à éliminer le Vaudois Roger Nordmann de la course.

En 2024, le Conseil fédéral pourrait donc afficher un âge moyen de 61 ans. Il deviendrait le troisième gouvernement suisse le plus âgé depuis plus d'un siècle. La conseillère aux Etats Céline Vara (Verts/NE) s'en inquiétait récemment: "Le Conseil fédéral est très peu représentatif des catégories d'âge".

Il est difficile de lui donner totalement tort. Si le Bâlois Beat Jans est élu, les sept conseillers afficheront des âges très homogènes, entre 56 et 64 ans.

Cela jouera-t-il en faveur du Grison Jon Pult? À 39 ans, il aspire à remplacer Alain Berset qui avait accédé à la fonction au même âge. Et qui la quitte en tant que membre le plus expérimenté, mais toujours le plus jeune du collège.

En termes de précocité, Alain Berset ne faisait pas pour autant figure d'exception. Petit rappel historique de quelques faits et figures marquants du gouvernement suisse.

Le plus jeune élu

Le Neuchâtelois Numa Droz n'a pas encore 32 ans lorsqu'il est choisi en 1875. A l'autre extrême, on retrouve un autre Romand, le Genevois Gustave Ador, élu en 1917 à l'âge de 71 ans. En moyenne, les conseillers sont élus à 51 ans et 5 mois. Un peu plus que les femmes, qui accèdent au gouvernement suisse en moyenne à 50 ans.

La première femme

Il faudra attendre 136 ans pour que le pouvoir ouvre ses portes à une femme, la Zurichoise Elisabeth Kopp en 1984. Une première qui prendra fin abruptement lorsqu'elle est obligée de démissionner 5 ans plus tard. Elle est accusée d'avoir profité de sa fonction pour alerter son mari d'une procédure le concernant liée au blanchiment d'argent issu du trafic de la drogue.

La représentation des langues

A chaque élection, la question de la langue est déterminante. À qui est-ce le tour, une Romande, un Alémanique, un Tessinois ou même un Romanche? Une rotation subtile opère entre les régions linguistiques.

Elle s'avère plutôt précise: les francophones, qui représentent 23% de la population, ont cumulé 117'150 jours au gouvernement, soit 26% du total. Côté alémanique, l'occupation des sièges est de 66% pour 63% de la population germanophone. Le Tessin demeure légèrement sous-représenté, avec 7% de jours au gouvernement alors que le pays compte 8% d'Italophone. Même les 0,5% de Romanches ont eu droit à leur quota, grâce à Felix Calonder en 1913.

L'indéboulonnable

Karl Schenk a siégé plus de 31 ans au gouvernement. Elu en 1863, il y demeure jusqu'à sa mort, en 1895. Une pratique un peu démodée mais pas rare: un cinquième des conseillers fédéraux, soit 22, sont morts en exercice. Le dernier était le socialiste soleurois Willi Ritschard en 1983.

En 1880, le président Fridolin Anderwert mettra même fin à ses jours dans le parc voisin du Palais fédéral, ébranlé par des soucis de santé et une campagne de presse l'accusant de fréquenter les maisons closes.

Tybalt Félix / Infographie complète: Cyrille Gay-Crosier

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