De nombreux fidèles ont quitté l'Eglise catholique en Suisse après les révélations d'abus sexuels
Tout indique que les départs de l'Eglise catholique romaine, déjà importants en 2021 et 2022, des années records, se sont poursuivis cette année, même si les chiffres définitifs établis annuellement par l'Institut suisse de sociologie pastorale (SPI) n'ont pas encore été publiés.
"On s'achemine pour 2023 vers une hausse du nombre de départs, aussi bien pour l'Eglise catholique que pour l'Eglise réformée", a indiqué Urs Winter, responsable de projet au SPI, à Keystone-ATS. L'an dernier, quelque 34'600 personnes avaient quitté l'Eglise catholique en Suisse.
Les données recueillies dans les cantons par Keystone-ATS montrent une accélération des départs depuis la publication, le 12 septembre, d'une étude de l'Université de Zurich ayant identifié plus de 1000 cas d'abus sexuels dans l'Eglise catholique en Suisse depuis le milieu du siècle dernier, commis par plus de 500 suspects.
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Pour Urs Winter, cette accélération n'est pas une surprise. Des pays voisins comme l'Allemagne ont aussi enregistré des vagues de démissions après des scandales de ce type.
De nombreux départs en Suisse centrale
Les chiffres sont particulièrement impressionnants en ville de Lucerne, où l'on enregistre en moyenne 270 départs par mois depuis la publication de l'étude, selon Keystone-ATS. Un chiffre sans commune mesure avec 2022 (65 pour l'ensemble de l'année).
A Adligenswil (LU), la paroisse parle d'un "véritable exode" (45 départs sur 5500 habitants), qui ne concerne pas uniquement les plus jeunes: des fidèles de longue date ont aussi annoncé leur départ.
En ville de Zoug, les responsables s'attendent à 250 à 260 démissions pour 2023, sur un total de 12'000 membres. Bâle-Ville, Winterthour (ZH), mais aussi des paroisses dans les cantons des Grisons, de Soleure, d'Argovie, de Schwyz et d'Obwald subissent aussi de plein fouet la perte de confiance, avec des départs en masse.
Dans l'ensemble, observe Urs Winter, les personnes qui tournent le dos à l'Eglise catholique sont plutôt des hommes vivant en milieu urbain. En campagne, l'ancrage reste toujours aussi vivace, la force des traditions l'emportant sur d'autres considérations.
Aussi en Suisse romande
En Suisse romande aussi, le rapport de l'Université de Zurich a accéléré les départs, mais dans une moindre mesure. De manière générale, les cantons de Genève, du Valais, de Neuchâtel et de Vaud n'enregistraient pratiquement pas de sorties d'Eglise dans les statistiques.
Le SPI explique ce constat par une autre forme d'organisation ecclésiale: ces cantons n'ont pas de structure institutionnelle d'affiliation liée à l'obligation de payer un impôt ecclésiastique, dont on pourrait tout simplement sortir. Quitter l'Eglise dans ces cantons est avant tout un acte symbolique.
Force est pourtant de constater qu'à Genève, l'Eglise catholique a reçu 45 demandes de sorties depuis le début de l'année, dont 36 depuis le 12 septembre. Elle en avait enregistré 20 en 2022 et 12 en 2021.
Dans le canton de Vaud, la Fédération ecclésiastique catholique romaine (FEDEC-VD) a enregistré 47 demandes de sortie depuis la parution de l'étude zurichoise, contre 15 à la même période en 2022.
A Fribourg, dans les trois à quatre semaines qui ont suivi la publication du rapport, "nous avons constaté un nombre de sorties d'Eglise équivalant aux sorties sur trois à quatre mois d'une année 'classique'", a indiqué João Carita, du service de communication de l'Eglise catholique du canton.
En Valais, il existe un attachement plus fort qu'ailleurs entre la société et l'Eglise, selon le vicaire général du diocèse de Sion Pierre-Yves Maillard, contacté par Keystone-ATS. Il estime néanmoins qu'il y a "certainement eu davantage de sorties de l'Eglise ces dernières années".
La paroisse de Saint-Maurice a recensé "cinq demandes de sorties cette année, contre une à deux d'habitude", a-t-elle indiqué. Même constat à la paroisse de Martigny qui, malgré "quelques demandes supplémentaires ces derniers temps", n'a pas constaté de hausse particulière.
Dans le canton de Neuchâtel, une vingtaine de demandes de sorties de l'Eglise catholique ont été enregistrées depuis septembre, alors qu'il y en a normalement 20 dans l'année. "Une seule a été véritablement motivée et argumentée en lien avec les affaires d'abus", a expliqué François Perroset, chargé de communication de la Fédération catholique romaine neuchâteloise.
La Collectivité ecclésiastique cantonale catholique romaine du canton du Jura n'a pas pu avancer de chiffre, mais fera les démarches en janvier, comme chaque année.
L'Eglise catholique romaine compte actuellement environ 3 millions de membres en Suisse. L'Eglise évangélique réformée en a environ 2 millions.
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ats/boi