Pour justifier sa proposition de couper la subvention, David Zuberbühler (UDC/AR) estimait que l'UNRWA, qui rassemble près de 30'000 collaborateurs, n'était pas objective pour oeuvrer dans la région. Et qu'elle est tombée dans un discours "anti-israélien", un reproche régulièrement lancé contre cette entité.
Le National a approuvé par 116 voix contre 78 cette requête. La commission des Etats en charge du dossier est également favorable à une coupe, malgré l'opposition d'une minorité de gauche. Le plénum se penchera jeudi sur cette affaire.
La Suisse dit oui à l'humanitaire, mais ce n'est pas pour les Palestiniens
"Aujourd'hui, j'ai écrit une lettre à la présidente du Conseil des Etats, en demandant de ne pas finaliser cette décision. On a besoin de la Suisse et je pense que le message serait catastrophique dans la région", explique mercredi dans l'émission Forum Philippe Lazzarini, commissaire général de l'UNRWA.
Selon lui, la Suisse, en tant que dépositaire des conventions de Genève, dirait ainsi "oui à l'humanitaire, mais ce n'est pas pour les Palestiniens". C'est donc "une décision choquante", s'indigne-t-il dans le 19h30.
Victime de propagande
Pour Philippe Lazzarini, si la Suisse devait entériner cette mesure jeudi, c'est "un message de désengagement" qu'elle enverrait au peuple palestinien. "En raison du moment où elle est prise, cette décision est surprenante. A Gaza, il y a une guerre sans précédent, il n'y a jamais eu autant de morts, de déplacés, de demandes humanitaires et l'UNRWA est l'organisation principale qui apporte aujourd'hui un peu d'espoir à une population complètement désespérée", explique le commissaire général de l'UNRWA.
Prendre ce type de décision, c'est prendre parti dans ce conflit et faire partie de la propagande
Il a rappelé que l'agence était la première actrice internationale répondant aux besoins humanitaires dans la bande de Gaza, où plus d'un million de personnes ont été déplacées en deux mois. Plus de 130 de ses employés ont été tués dans les bombardements.
Philippe Lazzarini dément également tout lien entre l'UNRWA et le terrorisme, il écarte aussi toute accusation de promotion du Hamas. Selon lui, ces attaques de désinformation sont "lancées par des ONG qui ont pour but de discréditer toute assistance et toute protection des Palestiniens. (...) Aujourd'hui, nous sommes aussi dans une guerre des mots, de propagande. Prendre ce type de décision, c'est prendre parti dans ce conflit et faire partie de la propagande", estime-t-il.
Propos recueillis par: Mehmet Gultas
Adaptation web: agences/Miroslav Mares