Acheter le médicament générique plutôt que l’original n’est pas une habitude en Suisse. Pour inciter à privilégier les versions moins chères des médicaments, le Conseil fédéral a tranché: à partir du 1er janvier 2024, si l’on n’achète pas la version générique, on paie davantage de sa poche. La raison de cette décision étant de réduire les coûts de la santé.
Dans la pratique, acheter la préparation originale signifiera payer une quote-part de 40% une fois la franchise de son assurance atteinte, tandis qu'en optant pour le médicament générique, contenant le même principe actif, cette quote-part restera à 10%.
Une différence potentiellement grande
Prenons l’exemple d’un antibiotique fictif. L’original coûte 50 francs, tandis que le générique, contenant le même principe actif, est vendu 36 francs. Si le patient achète le médicament original et que sa franchise est atteinte, il devra payer 40% de ces 50 francs, soit 20 francs, tandis que l’assurance prendra en charge 30 francs. En revanche, s’il choisit le générique à 36 francs, il paiera 10% de quote-part, soit 3,60 fr., tandis que l’assurance paiera 32,40 fr. Autrement dit, il faudra sortir 16 francs de plus de sa poche si l’on achète l’original.
Des exceptions possibles
Invité dans l’émission On en parle, Christophe Berger, pharmacien et président de la société vaudoise de pharmacie, précise qu'il y a cependant des exceptions. Tous les médicaments n’ont pas forcément d’équivalents génériques. "Lors des premières années de commercialisation d’un médicament, celui-ci est encore sous brevet. Or, le générique est disponible sur le marché une fois que l’original n’a plus de brevet. La quote-part de 40% sera appliquée uniquement si un générique existe déjà."
Autre exception, le médicament générique ne convient pas au patient pour des raisons médicales, par exemple à cause de la présence d’allergènes comme le lactose. "Le médecin et les pharmaciens ont la possibilité de notifier l’assurance d’un refus de substitution. Le médecin le note également sur l’ordonnance. L’assurance devrait alors respecter cette justification et ne pas appliquer la quote-part de 40%."
Des principes actifs plutôt que des noms commerciaux
Si les médecins ne sont pas obligés de prescrire des médicaments génériques, les pharmaciens s’attendent à lire sur les ordonnances des noms de principes actifs, "et pas de noms commerciaux de médicaments", poursuit Christophe Berger. "Lorsque le médecin écrit le nom d’un médicament original, il est difficile d’expliquer au patient qu’il existe un générique plus avantageux. Ce dernier préfère souvent acheter l’original prescrit par le médecin. Il est donc aussi de la responsabilité d’un médecin d’écrire le nom d’un principe actif." En cas de doute, le patient peut également demander à la pharmacie si le médicament prescrit sur l’ordonnance est un original ou un générique.
De leurs côtés, les pharmacies seront elles aussi encouragées à vendre des médicaments génériques à la suite d’un changement dans les marges de distribution proposé par le Conseil fédéral. "Avant, nous étions pénalisés en cas de vente d’un générique, car nos marges étaient moins élevées. Cela ne sera plus le cas en 2024. Je pense que cet effet sera important pour la baisse des coûts de la santé", conclut Christophe Berger.
Sujet radio et propos recueillis par Marie Tschumi
Adaptation web: Myriam Semaani