Il a plu presque sans arrêt en Suisse depuis début octobre. Le record de précipitations n'a pas été atteint, mais les valeurs enregistrées se trouvent tout de même au-dessus de la moyenne des années 1991 à 2020, grâce à des épisodes réguliers de pluie abondante durant plus de deux mois.
Lors de ces précipitations, environ 400 litres d'eau au mètre carré sont tombés en moyenne, ce qui représente l'équivalent de quatre mois de pluie en seulement trois mois. La norme a ainsi été dépassée un peu partout en Suisse romande.
Ces intempéries ont permis aux nappes phréatiques de se recharger, même les plus profondes qui ont besoin de plusieurs semaines pour se remplir. "Ces grandes quantités de pluie qui se sont infiltrées en large partie dans des eaux souterraines ont un impact très positif", se réjouit lundi dans La Matinale Marc Affolter, hydrogéologue du canton de Vaud, où 70 à 80% de l'approvisionnement en eau potable vient des eaux souterraines. "Ça a permis de reconstituer une partie des réserves des nappes phréatiques et des sources", poursuit-il.
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Recharge optimale
Le niveau des nappes phréatiques était au plus bas cet été, en raison de la sécheresse. Aujourd'hui, le risque d'assèchement a pratiquement disparu. Marc Affolter espère désormais une période humide à la fin de l'hiver afin d'arriver à l'été avec des niveaux de nappes phréatiques encore plus élevés. "Pour l'été suivant, on est relativement confiant, mais il faudrait quand même compléter cette recharge par des pluies aussi durant l'hiver et au printemps", explique-t-il.
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Bien que moins fréquentes ces dernières années, les chutes de neige jouent également un rôle. La fonte des neiges permet en effet de "recharger les nappes phréatiques avant le début du printemps" et "d'être plus résilient pour l'été suivant", précise Marc Affolter.
Une recharge dite "optimale" des nappes permettrait de traverser sans trop de problèmes les épisodes de sécheresse, toujours plus longs et fréquents, l'été prochain.
Des sols saturés
Dans certaines régions, les épisodes de sécheresse estivales ont convaincu les autorités de renforcer leur réseau d’eau à long terme. C'est le cas notamment dans la commune jurassienne de Courroux, qui a dû économiser l'eau ces deux derniers étés. Son maire Philippe Membrez cherche aujourd'hui d'autres moyens pour garantir l’approvisionnement de la commune en eau potable. "On va dans un premier temps, dès l'année prochaine, travailler sur notre réseau d'eau actuel en effectuant différentes actions, notamment pour éviter les pertes d’eau que nous avons constatées", indique-t-il.
"Et par la suite, nous allons élargir nos possibilités de connexion avec les villages voisins", ajoute Philippe Membrez. "C'est totalement indispensable étant donné que l'approvisionnement en eau potable pour la population est un élément prioritaire dans le cadre de la conduite des affaires au niveau communal".
Les fortes précipitations de ces dernières semaines n’ont toutefois pas eu que des effets positifs pour les sols. L'eau s'y est accumulée, provoquant une saturation. Cela a conduit à des affaissements et des éboulements, notamment en Valais, et la montée des eaux de plusieurs lacs ont mis la Suisse en alerte.
Dans la région des Trois lacs, les eaux ont cependant entamé leur décrue. Le niveau des lacs de Neuchâtel et Morat reste très élevé, mais le pic est passé. La police vaudoise a quant à elle annoncé dimanche la fin de la situation critique et s'apprête à lever les dispositifs d'urgence mis sur pied la semaine dernière.
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Sujets radio: Robin Baudraz et Martine Clerc
Adaptation web: edel