Dix-sept loups ont été abattus en Valais ces dix-huit jours dans le cadre de la "régulation proactive" organisée par le canton. Cela représente environ la moitié du nombre de bêtes dans le viseur, selon le décompte du service de la chasse, de la pêche et de la faune publié lundi. Celui-ci se dit "satisfait".
En Valais, l'opération sera un "grand succès" si le canton parvient à supprimer "entre 10 et 15" loups durant les deux prochains mois, avait indiqué l'Etat lors d'une conférence de presse en novembre.
L'autorisation de tirs préventifs, qui représente un changement majeur pour une espèce protégée, résulte d'une révision de la loi sur la chasse qui, à son origine en 1986, limitait pourtant le tir de loups uniquement après une attaque avérée.
Comment en sommes-nous arrivés là?
Disparition et retour du loup en Suisse
À l'origine, le loup était répandu dans toute la Suisse, occupant divers milieux. Bien qu'il ait disparu du Plateau au 17e siècle, il a persisté dans les Alpes et le Jura jusqu'au 19e siècle. L'introduction des armes à feu a accéléré sa disparition. En effet, la diminution des proies naturelles du loup - telles que les chevreuils, les cerfs ou les sangliers - l'a conduit à attaquer plus systématiquement le bétail.
Cette situation a déclenché des conflits avec les éleveurs, qui ont répondu en éliminant tous les loups par des tirs, des captures et des empoisonnements. En conséquence, le canidé a disparu en tant qu'espèce sauvage résidente en Suisse pendant la seconde moitié du 19e siècle.
Malgré cela, de petits effectifs de loups ont survécu en Italie, en Espagne et en Europe de l'Est et du Nord. Sous protection en Italie depuis 1971, la population de loups a lentement augmenté, jusqu'à revenir en Suisse par les Alpes en 1995. En 2012, la première meute de loups suisses s'est formée et depuis, la population n'a cessé de croître, dépassant les 300 individus en septembre 2023, contre moins de 100 en 2019.
Cohabitation difficile entre loups et humains
Bien que le retour des loups en Suisse soit considéré comme une réussite du point de vue de la conservation de la nature, les chiffres racontent une histoire complexe. En 2005, seules quatre attaques de loups contre du bétail avaient été recensées, contre 1480 en 2022.
Un loup peut consommer jusqu'à 5 à 10 kilos de viande par jour et la plupart des animaux de rente tués sont des moutons. Au niveau politique, les discussions sur la manière de concilier les activités humaines avec la préservation des loups sont délicates, mais les autorités suisses ont élaboré diverses stratégies permettant la coexistence entre les loups et les communautés agricoles.
Les défis actuels
Le plan loup en Suisse prévoit que les dommages causés par les loups aux animaux de rente soient indemnisés à hauteur de 80% par la Confédération et 20% par les cantons. Les autorités cherchent donc aussi à réguler rapidement la situation, d'autant plus que le nombre d'attaques augmente.
Le plan loup autorise également des tirs préventifs contre les animaux ou les meutes causant des dommages importants aux animaux de rente. Et la récente révision de la loi sur la chasse, qui autorise les cantons à procéder à des tirs de régulation avant que les loups ne causent des dégâts, a très vite opposé les défenseurs du loup aux autorités voulant réguler.
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La réduction du nombre d'individus et sa chasse vise à rendre le loup à nouveau craintif tout en préservant sa population en Suisse et en réduisant les dommages qu'il cause. Cependant, une question fondamentale demeure: l'humain doit-il intervenir pour rétablir l'équilibre naturel ou apprendre à mieux cohabiter avec les grands prédateurs?
Nicolas Rossi