"Une infrastructure de recharge suffisante permettra de franchir le pas vers la voiture électrique"
Les voitures entièrement électriques jouent un rôle essentiel dans la stratégie climatique de la Suisse, représentant déjà l'année dernière une part significative, soit 18%, des achats de véhicules neufs. Cependant, malgré ces avancées, des signes de fléchissement se manifestent, conduisant la Suisse à perdre des positions dans le classement européen.
Cette tendance risque de s'accentuer à partir du 1er janvier, date à laquelle les véhicules électriques ne bénéficieront plus de l'exonération de la taxe d'importation. Le Conseil fédéral justifie cette décision en arguant que les prix des véhicules ont suffisamment baissé.
Ce constat est partagé par le président du TCS, l'unique organisation du monde automobile à défendre la loi sur le CO2, Peter Goetschi. "L'industrie automobile a pris le virage, elle a décidé que le futur sera électrique. (...) Les constructeurs ont commencé par proposer une gamme haute - pour des questions de retour sur investissement -, mais l'offre s'étoffe. Les prix commencent à s'aligner, permettant d'avoir des voitures électriques pour tout le monde", explique-t-il, mercredi dans La Matinale de la RTS.
Renforcer les infrastructures de recharge
Au cœur des préoccupations gouvernementales se trouve la question cruciale de l'accessibilité aux bornes de recharge. Dans le cadre de la loi sur le CO2, une proposition de subventionner l'installation de ces bornes dans les immeubles, les entreprises et les parkings publics est avancée, avec un budget alloué de 180 millions de francs de 2025 à 2030. Mais cette mesure a été rejetée par le Conseil des États et une patrie de la droite la combat également au Conseil national, qui en discute mercredi.
"Toute cette évolution est en marche. Il ne faut donc pas encore y mettre de l'argent des contribuables. En plus, on n'a pas assez d'électricité. Cela ne fait pas de sens d'accélérer ce processus artificiellement avec de telles subventions", estime le conseiller national Michael Graber (UDC/VS).
L'élu va plus loin en plaidant pour la neutralité technologique, soulignant l'importance de ne pas privilégier l'électrique au détriment d'autres technologies moins avancées telles que l'hydrogène ou les carburants synthétiques.
Peter Goetschi répond que "l'utilisation des voitures électriques représentait l'an dernier 2% de la consommation". Le directeur du TCS insiste sur le fait qu'il faut "mettre l'effort sur les infrastructures de recharge pour permettre aux citoyens de franchir le pas".
Le TCS demande 90 millions par an
Selon le directeur du TCS, il faudrait "90 millions de francs par an". "La Suisse est un pays de locataires, et actuellement, un locataire ne peut pas décider librement où il veut installer sa borne de recharge", dit-il. C'est sur ce point que l'Etat doit donner "une impulsion". Il juge que l'initiative de la France d'un leasing à 100 euros par mois pour les voitures électriques, par exemple, n'est pas utile, notamment en raison du pouvoir d'achat "différent" en Suisse.
Que les subventions soient présentes ou non, un consensus semble émerger: l'installation de bornes de recharge chez les particuliers devrait être exemptée d'impôts. Cette décision a été entérinée par les deux chambres la semaine dernière.
Sujet radio et propos recueillis Etienne Kocher et Pietro Bugnon/vajo
"La voiture est un élément central de notre mobilité"
"La voiture est un élément central de notre mobilité: en 2022, 70% des personnes-kilomètre en Suisse étaient effectués en voiture", souligne Peter Goetschi, directeur du TCS. "On ne peut pas essayer de tout mettre dans les transports publics, qui sont saturés aux heures de pointe. Il faut miser sur la complémentarité des moyens de transport."
L'autoroute A1 sur les tronçons Berne-Zurich et Lausanne-Genève devra être élargie à au moins six voies. Le Conseil des Etats a accepté mardi une motion UDC du National. Un référendum de l'ATE est déjà annoncé. "Il nous faut des infrastructures performantes dans le rail et la route", commente Peter Goetschi, mercredi dans La Matinale.
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Et d'ajouter: "Ce qui est prévu actuellement est déjà payé par l'automobiliste via le fonds routier, et en parallèle on finance l'infrastructure du rail. Ces deux éléments sont très importants."