Une commission est déjà à l'oeuvre au sein de l'UDC pour lui trouver un successeur, précise Marco Chiesa dans un entretien diffusé jeudi par les journaux du groupe de presse CH Media et le Corriere del Ticino.
Le président de l'UDC se dit convaincu que le moment est bien choisi pour quitter son poste. "L'objectif de mon mandat était: gagner les élections fédérales et renforcer la politique et les valeurs de l'UDC."
Le parti conservateur a remporté neuf sièges supplémentaires au Conseil national lors du scrutin d'octobre, obtenant le troisième meilleur résultat de son histoire, se réjouit Marco Chiesa. "Nous avons encore du potentiel dans de nombreux endroits, mais nous sommes en bonne position."
"A l'UDC, on n'était pas habitué à avoir une équipe, explique Marco Chiesa, jeudi dans l'émission de la RTS Forum. Avant, notamment pour les journalistes, il fallait toujours se référer à Christoph Blocher ou à sa fille. Maintenant, on a des représentants, également en Suisse romande, qui peuvent oeuvrer pour le parti et nos valeurs."
Pas attiré par le Conseil fédéral
Après son mandat de président du parti, le conseiller aux Etats tessinois de 49 ans n'entend pas disparaître de la vie publique. "J'ouvrirai encore de nouveaux chapitres dans ma vie." Il va également poursuivre ses activités dans sa société fiduciaire dans une fondation qui gère des crèches.
Mais contrairement à ses prédécesseurs à la tête de l'UDC, Albert Rösti et Ueli Maurer, Marco Chiesa affirme ne pas être intéressé par le Conseil fédéral. "Devenir conseiller fédéral n'est pas un objectif personnel pour moi."
Vice-président de l'Action pour une Suisse indépendante et neutre depuis 2018, Marco Chiesa est président de l'UDC depuis août 2020, devenant le premier latin à la tête du parti. Le Luganais a succédé à Albert Rösti, qui est entré au Conseil fédéral en décembre 2022.
Ferme et souriant
Marco Chiesa se sera illustré par sa capacité à mélanger les genres avec un certain bonheur, comme l'a expliqué le politologue Oscar Mazzoleni: "Il est intraitable sur le fond et modéré dans la forme. C'est un blochérien souriant."
Sur les sujets forts du parti, comme l'immigration, l'asile, l'Europe ou les frontaliers, Marco Chiesa a poursuivi la ligne claire et sans concession de ses prédécesseurs, Albert Rösti, Ueli Maurer et Toni Brunner. Pour lui succéder à la tête du parti (lire encadré), Marco Chiesa estime, sur les ondes de la RTS, qu'il faudra "une personne qui ne tombe pas dans le politiquement correct".
Pendant le Covid-19, l'UDC, plutôt timide au début, a haussé le ton au fil des mois pour critiquer les mesures qu'il qualifiait de liberticides, comme le confinement. Il n'a pas ménagé ses flèches contre le ministre de la Santé Alain Berset.
fgn/boi avec ats
Des noms de papables circulent
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Marcel Dettling fait partie des noms avancés pour succéder à Marco Chiesa à la présidence de l'UDC Suisse. Le conseiller national schwytzois et vice-président du parti a dirigé avec succès la dernière campagne pour les élections fédérales. Cet agriculteur âgé de 42 ans ne se prononce pas sur une éventuelle candidature.
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La conseillère nationale genevoise Céline Amaudruz, elle-même vice-présidente du parti, dit "ne pas encore avoir réfléchi" à une éventuelle candidature. Elue depuis 2011 au Conseil national, elle serait la candidate romande la plus en vue. Cela dit, jamais un Romand ou une Romande n'a présidé l'UDC. La politicienne âgée de 44 ans a travaillé comme gestionnaire de fortune dans plusieurs grandes banques, dont UBS. Elle a présidé l'UDC du canton de Genève de 2010 à 2023.
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Aux yeux de Céline Amaudruz, le futur président (ou la future présidente) se doit d'être un élu fédéral, si possible ayant déjà une bonne expérience des rouages de la politique à Berne. En Suisse romande, Pierre-André Page (FR) et Jacques Nicolet (VD) répondraient au profil recherché. Reste à savoir s'ils sont réellement attirés par le poste.
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Les "poids lourds" se trouvent traditionnellement outre-Sarine. Parmi eux, le conseiller national lucernois Franz Grüter n'exclut pas de se porter candidat. "Si on me sollicite, j'y réfléchirai volontiers. Mais c'est un job éreintant", a confié cet entrepreneur âgé de 60 ans.
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Le conseiller national bernois Lars Guggisberg (46 ans) se déclare intéressé par le poste. "Je peux parfaitement m'y projeter. J'aurai des entretiens ces prochains jours avec mes proches et dans mon environnement professionnel", indique le directeur de la section bernoise de l'Union suisse des arts et métiers (USAM).
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Le conseiller national de Cortébert (Jura bernois) et avocat Manfred Bühler, 44 ans, a l'avantage d'être parfaitement bilingue et possède a priori tout ou partie du profil. Mais il ne s'exprime pas sur le sujet.
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Le jeune conseiller national saint-gallois Mike Egger (31 ans) n'hésite pas lui à sortir du bois. Le poste est "très tentant", a-t-il dit au Tages-Anzeiger. Ce cadre de l'entreprise Micarna entend bien réfléchir à une éventuelle candidature.
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Du côté de Zurich, bastion du parti, le conseiller national Alfred Heer (62 ans), entrepreneur, jouit lui aussi d'une bonne notoriété mais n'a rien laissé filtrer pour l'instant.