Dès le 1er janvier 2024, la Confédération paiera aux membres du Conseil fédéral et au chancelier un abonnement de ski à 4000 francs (+TVA), qui était jusqu'ici offert par les Remontées mécaniques suisses.
Alors qu'en Valais et aux Grisons, la justice s'intéresse à ce genre de cadeaux, c'est une manière pour les ministres de s'éviter une poursuite pénale pour acceptation d'un avantage, sans pour autant renoncer à l'avantage en question.
Pour le président de la commission de gestion du Conseil des Etats, Charles Juillard, "tant que c'est transparent, il n'y a pas de problème".
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Le conseiller national Thomas Bläsi (UDC/GE) se montre, lui, plus critique, dans La Matinale de la RTS: "Dans une période d'opulence, on pourrait comprendre qu'il y ait quelques avantages à la tête de l'Etat. Mais dans la situation actuelle, j'estimerais normal qu'un effort soit fait de la part de nos politiciens qui sont particulièrement bien payés, par ailleurs; il n'y a pas besoin de recourir aux impôts pour cela."
Romain Carrupt
Cadeaux maintenus en Valais
En Valais, le spectre d'une condamnation pénale pousse toujours plus de politiciens à renoncer aux abonnements de ski gratuits ou à prix très préférentiel.
Depuis l’enquête de la RTS, c'est le cas par exemple de l’ensemble de l’exécutif d’Arbaz, alors que l’an dernier certains prenaient l’abonnement et d’autres pas. C’est aussi le cas des conseillers d’Etat Christophe Darbellay (Le Centre), Frédéric Favre (PLR) et Roberto Schmidt (Le Centre), ainsi que du conseiller national Benjamin Roduit (Le Centre). Selon nos informations, c’est aussi le cas de Jean-Luc Addor (UDC), mais ce dernier refuse de se prononcer sur ce sujet, tant qu’une enquête est en cours.
Mais l'enquête n'a pas incité les Remontées mécaniques valaisannes à renoncer à leur cadeau aux politiciens.
L'association propose toujours son abonnement aux élus, bien que ses dirigeants aient été interrogés par la police. Et bien que les responsables du domaine skiable d'Arosa (GR) seront prochainement jugés pour l'infraction pénale d'octroi d'un avantage.
"Laisser les politiciens décider"
"Nous n'avons pas reçu d'information selon laquelle nous avons fait quelque chose de faux. C'est pourquoi, nous continuons avec notre règlement en vigueur, qui laisse aux politiciens décider s'ils ont le droit d'accepter l'abonnement ou non", justifie David Wyssen, directeur des Remontées mécaniques valaisannes, dans La Matinale de la RTS.
Télé Anzère et Télé Nax continuent également de penser que seuls ceux qui acceptent un cadeau, soit les politiciens, peuvent être inquiétés par la justice. D'autres domaines skiables comme celui de Verbier sont conscients du risque pénal et ont arrêté d'offrir des abonnements à des politiciens.