Nombre record d’autorisations en 2023 pour utiliser des pesticides normalement interdits
C’est un constat que Thierry Blaser fait chaque année lorsqu’il traverse son champ de colza. "Il y a des insectes ravageurs qui font des piqûres sur le colza et pondent des larves. La plante se déforme et elle n’arrive plus à produire comme elle le devrait", explique l'agriculteur au micro du 19h30.
Pour tuer les insectes et produire ses quinze tonnes de colza, une seule solution s'offre à lui: utiliser des produits phytosanitaires. Le problème est que le nombre de substances autorisées ne cesse de diminuer. Depuis 2005, 208 produits ont été retirés du marché. Une réduction que déplore Thierry Blaser: "Si on ne donne pas ces autorisations, on n'aura pas de production."
Pression des agriculteurs
Sous la pression des agriculteurs, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a cependant permis cette année l’utilisation en urgence de 29 substances jusque-là interdites. Il s'agit d'un record. A titre de comparaison, en 2019, l'OSAV n’en avait donné que 6.
Pour Serge Imboden, chercheur à la HES-SO du Valais, ces autorisations sont un moyen de réduire notre dépendance aux pays voisins, notamment l'Allemagne et la France.
"Il y a de plus en plus d’influences qui font qu’on doit de plus en plus combattre des ravageurs et des maladies. Pour garder une certaine autosuffisance, ils essaient d’importer des produits phytosanitaires."
La solution est ailleurs
Selon la conseillère nationale Delphine Klopfenstein (GE/Les Vert.e.s), la solution est ailleurs. "Aujourd’hui, pour produire suffisamment, il faut aussi considérer qu’il y a une part de la production qui est jetée. On doit lutter contre ce gaspillage et rééquilibrer la production avec la consommation."
Pour l’heure, la production agricole de la Suisse permet de nourrir environ 50% de la population.
Charlotte Onfroy-Barrier/fgn