Le but du Damp January reste le même: prendre conscience de sa consommation pour mieux la contrôler. Cette version, moins radicale que le "Dry January", ne convainc cependant pas tous les spécialistes, à l'instar de Jean-Bernard Daeppen, chef du service de médecine des addictions du CHUV. Pour lui, si toute baisse de consommation d'alcool est bénéfique, mieux vaut tenter l'arrêt complet, quitte à ne pas tenir le mois entier.
"Il faut cumuler des jours ou des semaines sans alcool. Si c'est 15 jours, c'est bien pour quelqu'un qui boit tous les jours de l'année. Cela permet vraiment de pouvoir tester la liberté qu'on garde par rapport à sa consommation d'alcool, de voir si on est capable de ne pas boire du tout et d'observer si ça génère des formes de nervosité ou d'anxiété, qui sont des signaux de dépendance à l'alcool", a-t-il détaillé jeudi au micro de La Matinale de la RTS.
Le concept avait en outre déjà fait grincer des dents l'an passé en France, car il avait été soutenu par les entreprises vendant de l'alcool. Plusieurs spécialistes de l'addiction s'inquiétaient en effet que ces lobbies tentent de détourner les adeptes du mois de janvier sobre en les encourageant tout de même à boire un peu.
Une vraie réflexion
Des milliers de personnes en Suisse se lancent le défi chaque année de ne pas boire du tout pendant le mois de janvier, mais seules 50% d'entre elles tiennent jusqu'au bout, selon un récent sondage d'Addiction Suisse. Pour Christian Wilhelm, directeur de la Fédération genevoise de prévention en alcool et cannabis, le "Damp January" peut dès lors se révéler plus intéressant. D'autant plus s'il s'accompagne d'une vraie réflexion.
"Le Dry January, c'est un peu 'on/off': ou bien je réussis, ou bien je rate", explique-t-il. "Pour certaines personnes, le fait de craquer pour un verre représente un échec et ils arrêtent le défi. Je préfère quelqu'un qui fait de son mieux, réfléchit à sa manière de boire et à la façon dont les habitudes peuvent changer. Le Damp January sera plus intéressant dans ce cas-là."
Que les adeptes de ce genre de défis choisissent un janvier sec ou humide, les deux experts se rejoignent sur le fait que ces expériences de sobriété doivent se faire sans culpabiliser si on craque pour un ou deux verres.
Anouk Pernet/fgn