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Au procès du crash du F/A-18, le contrôleur aérien dit avoir réalisé trop tard son erreur

Aiguilleur du ciel (image d'illustration) [Keystone]
Prison avec sursis requise contre les deux accusés dans le cadre du crash d'un F/A-18 en 2016 / Le Journal horaire / 25 sec. / le 5 janvier 2024
Au deuxième jour du procès militaire du crash mortel d'un F/A-18 en 2016 au col du Susten (BE/UR), l'aiguilleur du ciel accusé d'homicide par négligence a déclaré avoir réalisé trop tard une erreur d'altitude transmise au pilote et évoqué "un niveau de stress élevé". Le procureur a réclamé des peines de prison avec sursis pour les deux accusés.

Le contrôleur aérien de Skyguide, basé à Meiringen (BE), où la patrouille de deux F/A-18 avait décollé le 29 août 2016, a ordonné par erreur une altitude minimale trop basse au pilote de 27 ans, victime du crash contre une paroi rocheuse dans des conditions de visibilité mauvaises. Il a indiqué une altitude minimale de 10'000 pieds (3048 mètres) au lieu de 15'000 pieds (4572 mètres).

"Je suppose que j'ai fait un lapsus", a dit le prévenu au Tribunal militaire 2 réuni à Muttenz (BL). Il ne s'en est rendu compte qu'en parlant avec la centrale d'intervention, a ajouté le contrôleur aérien.

Il était alors trop tard pour avertir son collègue basé à Dübendorf (ZH), qui avait pris le relais. Le crash est survenu sur sol bernois, à une altitude de 3319 m, onze mètres sous la crête, 58 secondes après l'indication erronée de l'altitude minimale à observer. Les juges d'instruction n'ont pas pu se baser sur la boîte noire, détruite par le choc.

>> Lire aussi : Ouverture du procès militaire du crash mortel d'un F/A-18 au Susten

Séparation des ordres de vol

Comme le pilote leader de la patrouille, lui aussi accusé, n'a pas respecté la procédure de décollage prescrite, son camarade en formation n'avait en outre pas pu se brancher sur le même radar. Constatant que les échos radar des deux avions se touchaient, le contrôleur aérien de Skyguide a décidé "instinctivement" de donner des instructions de vol séparées.

"Si je ne l'avais pas fait, les deux avions de chasse se seraient peut-être percutés", a souligné le prévenu. Ce dernier s'est alors concentré sur cette séparation des instructions de vol. "C'est ma mission principale", a-t-il rappelé.

Le pilote leader nie toute responsabilité

Si le contrôleur aérien admet son erreur, il en va autrement du pilote formateur qui emmenait la patrouille devant son jeune camarade décédé. "Monsieur le président, je ne suis pas coupable", a-t-il dit d'emblée au juge principal qui l'interrogeait.

Il a contesté le reproche de l'accusation de ne pas avoir respecté la procédure de vol au décollage en volant à une vitesse plus faible que ce que prévoyaient les directives. A ses yeux, elle n'était pas trop faible.

Il a aussi reconnu avoir entendu les deux annonces de décrochage du radar de l'autre avion. Mais "il ne s'agit pas d'une situation d'urgence à laquelle il faut réagir dans l'agitation", a-t-il contré. Ce d'autant moins qu'il ne pouvait pas intervenir, vu qu'il ne téléguidait pas son poursuivant, a expliqué le pilote.

ats/hkr/vic

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Peines de prison avec sursis requises par le procureur

Le procureur militaire a requis vendredi des peines de prison avec sursis d'un an et de neuf mois contre les deux prévenus du crash mortel d'un F/A-18 au col du Susten: un aiguilleur du ciel et un pilote de F/A-18. La période probatoire requise est de deux ans, la plus courte possible, car les deux prévenus ont tenté de corriger leur erreur.

Dans le cas du pilote leader de la patrouille, si celui-ci n'avait pas violé les règles de précaution à l'égard de son jeune camarade au décollage, ce dernier n'aurait pas été forcé de contacter le contrôleur aérien pour recevoir ses ordres, estime le procureur.