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Stéphanie Penher de l'ATE: "Il faut une offre de mobilité fiable et attractive"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Stéphanie Penher, la nouvelle directrice de l’Association transports et environnement
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Stéphanie Penher, la nouvelle directrice de l’Association transports et environnement / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 13 min. / le 10 janvier 2024
L'Association transports et environnement (ATE) déposera jeudi son référendum contre l'extension du réseau autoroutier en Suisse. Sa nouvelle directrice, Stéphanie Penher assure dans La Matinale mercredi que ce projet "n'est pas un bon remède" au changement climatique. Il vaut mieux privilégier la mobilité douce en investissant dans "une offre sûre et attractive".

Le projet critiqué permettrait l'élargissement de six tronçons, dont le Vengeron-Nyon sur l'arc lémanique, pour 5,3 milliards de francs.

>> Sur le sujet, lire : L'élargissement de l'A1 entre Genève et Nyon divise fortement les communes

Le référendum "Stop à la folie autoroutière" avait rassemblé 70'000 signatures (sur 50'000 requises) en seulement deux mois. Le cap des 100'000 devrait être franchi jeudi, ambitionne Stéphanie Penher, directrice de l’ATE.

"L'argument le plus convaincant dans toutes les régions en Suisse a été que plus on construit de routes, plus on aura de voitures", détaille-t-elle au micro de la RTS. "Il faut s'arrêter de construire des routes, ce n'est pas le bon remède".

L'avis sur la voiture individuelle a changé, selon elle, ce qui explique qu'autant de personnes ont signé le référendum. Les sondages montrent que "le taux de personnes encore propriétaires de leur propre voiture baisse", alors que davantage de gens veulent "leur propre vélo", assure la directrice de l'ATE.

"On est plus avancé que dans les années 1990 où on avait le débat rail-route. On a plus d'alternatives à la route, on a une crise climatique et l'expérience nous a montré qu'étendre les routes n'est pas un bon remède, car ça nous apporte plus de circulation qu'avant", avance-t-elle. "Les gens aimeraient changer de mobilité, mais pour ça, il faut leur donner l'offre."

"Dès qu'il y a une bonne offre, les gens s'en serve"

Mais pour convaincre les utilisateurs de la voiture, il faut que les alternatives "soient sûres et qu'elles donnent envie", avance Stéphanie Penher.

Pour les personnes qui le peuvent, le télétravail et le vélo sont des autres possibilités. "Il faudrait investir dans les voies cyclables et les transports publics car ces investissements sont plus durables et moins chers" et ils pourraient "motiver ces personnes à quitter leur propre voiture", justifie-t-elle.

"Dès qu'il y a une bonne offre, les gens s'en serve, donc il faut investir dans des offres plus durables que celles de l'auto", ajoute encore Stéphanie Penher.

Plus de kilomètres en voiture

Bien que l'augmentation de la population en Suisse pourrait justifier d'agrandir les routes, la directrice de l'ATE relève surtout que l'on roule davantage.

"On voit malheureusement qu'on roule beaucoup plus qu'il y a 60 ans et on fait beaucoup plus de kilomètres. Ces chiffres ont augmenté bien plus que la population", relève la directrice de l'ATE.

La population en Suisse est passée d'un peu plus de six millions d'habitants à presque neuf millions depuis l'inauguration de l'autoroute entre Lausanne et Genève il y a 60 ans. Et selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique, les utilisateurs de transports individuels motorisés parcouraient 21,8 kilomètres par jour en moyenne en 1994, contre 24,35 kilomètres en 2015 (dernier monitoring de l'OFS disponible avant le Covid, les prochaines données devraient être connues en 2025).

Le problème est "la mobilité à une seule personne dans la voiture"

Concernant la voiture électrique, Stéphanie Penher estime qu'il est "clair que le parc automobile suisse doit s'électrifier, mais je n'irai pas jusqu'à dire que ce sont des voitures propres. Ces voitures auront besoin de place, ce qui ne va donc pas nous empêcher de devoir bétonner les cultures".

Le problème est "la mobilité à une seule personne dans la voiture", résume-t-elle. "Si au moins on avait deux personnes dans une voiture, ça permettrait d'éviter d'étendre ces routes."

>> Lire aussi : "Une infrastructure de recharge suffisante permettra de franchir le pas vers la voiture électrique"

"L'effet Rösti"

Pour Stéphanie Penher, il y a un "effet Rösti" dans le dossier de la mobilité en Suisse du côté du Conseil fédéral.

"Albert Rösti était président d'auto-suisse donc c'est une personne fervente pour les voitures. On sent cet effet Rösti malheureusement. C'est lui qui a lancé l'idée du projet autoroutier en Suisse romande, mais ce projet n'est pas mature du tout."

"Ce ne serait pas venu avec Madame Sommaruga avant", estime l'invitée de La Matinale.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: juma

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