Les énergies renouvelables ont enregistré une croissance historique dans le monde en 2023

Quelque 507 gigawatts d'électricité renouvelable ont été mis en service, soit 50% de plus qu'en 2022, selon le rapport Renouvelables 2023 publié jeudi par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). "Un bond énorme, historique", a insisté le patron de l'institution, Fatih Birol, devant la presse: l'équivalent de l'équipement actuel de l'Allemagne, la France et l'Espagne réunies.

L'Agence anticipe pour les cinq ans à venir la "plus forte croissance" jamais vue en 30 ans. "La capacité de production d'électricité renouvelable ne s'est jamais étendue aussi rapidement en 30 ans, ce qui donne une vraie chance d'atteindre l'objectif que les gouvernements se sont fixés à la COP28 de tripler la capacité mondiale d'ici 2030", souligne l'AIE.

Les trois quarts de ces installations nouvelles sont dans le solaire photovoltaïque. La Chine a de nouveau été le grand moteur de cette croissance (60% des infrastructures nouvelles, avec +66% d'éoliennes sur un an par exemple). Mais l'Europe, les Etats-Unis et le Brésil ont aussi atteint des niveaux inédits, l'Inde a fortement avancé et l'AIE constate aussi un bond en Asie du sud-est de même qu'au Moyen-Orient.

Le rôle crucial de la Chine

Invité jeudi dans l'émission Forum, Christophe Baillif, professeur à l'EPFL, directeur du centre d'énergie renouvelable au CSEM, souligne que l'année 2023 a été marquée par une croissance remarquable de la production d'énergie renouvelable à l'échelle mondiale: "On commence à parler de quantités qui sont vraiment impressionnantes."

Ces nouvelles installations correspondent à la production "de 100 grandes centrales nucléaires qui tourneraient 24 heures sur 24", affirme le professeur. Les progrès réalisés devraient permettre de stabiliser les émissions de CO2. Néanmoins, pour accomplir la transition énergétique mondiale en une vingtaine d'années, il serait nécessaire de multiplier par trois ou quatre chaque année les installations de panneaux solaires et d'éoliennes.

Dans ce contexte, Christophe Baillif estime que la Chine joue un rôle crucial, qu'elle a fait "un effort industriel absolument spectaculaire" et qu'elle a investi massivement. "On aura besoin de la Chine pour faire cette transition énergétique."

Aider les pays émergents

Pour autant, ce rythme ne suffit pas encore, selon l'AIE, qui pointe particulièrement le besoin de financements à destination des pays émergents et en développement.

"Dans les conditions de marché et en l'état des politiques actuelles, la capacité mondiale serait multipliée par 2,5 d'ici 2030. Ce n'est pas encore assez pour atteindre l'objectif de triplement de la COP28, mais on s'en approche, et les gouvernements ont les outils nécessaires pour combler la différence", résume Fatih Birol.

"L'éolien terrestre et le photovoltaïque sont meilleur marché aujourd'hui que les nouvelles centrales à combustibles fossiles presque partout, et moins chers que les centrales déjà installées dans la plupart des pays", souligne le responsable.

L'an dernier a notamment vu les prix des modules photovoltaïques baisser de près de 50% sur un an et ce mouvement devrait se poursuivre avec la montée observée des capacités manufacturières, relève l'agence, créée il y a pile 50 ans par l'OCDE quand il s'agissait alors de répondre au choc pétrolier.

La situation est plus délicate pour l'industrie éolienne notamment en Europe où elle est affectée par la hausse des coûts de production, des taux d'intérêt et par la longueur des procédures d'obtention de permis. Mais de nombreux pays ont déjà adapté leurs appels d'offres à ce contexte.

miro avec ats