Un ou une présidente de parti, c’est l’homme ou la femme orchestre de la politique. Et la partition n’est pas simple à jouer. Diriger une formation signifie maintenir des liens solides avec sa base et donc avec toutes les sections cantonales. Cela implique beaucoup de déplacements à travers le pays.
S'y ajoute une tâche de représentation avec, notamment, les demandes incessantes des médias.
Un job souvent peu rémunéré
Beaucoup d’énergie donc et souvent peu de revenus. C'est particulièrement vrai à l'UDC, où le président démissionnaire Marco Chiesa ne perçoit aucun salaire pour cette fonction, seulement des remboursements de frais, selon le parti.
Son homologue des Verts Balthasar Glättli est un peu mieux loti puisqu'il touche 28'000 francs par année, moins que Mattea Meyer et Cédric Wermuth, à la coprésidence du PS, qui reçoivent chacun 40'000 francs.
Mais cela reste encore très modeste à côté du salaire de 100'000 francs du centriste Gerhard Pfister.
Garder la ligne
L'autre défi consiste à maintenir la ligne du parti. Car, à l’image d’un conseiller fédéral qui défend un dossier avec lequel il n’est pas d’accord, le ou la présidente doit parler au nom de toute sa formation.
Un équilibre qui n’est pas facile à trouver: "C'est super inconfortable parce que le président peut avoir sa propre opinion sur quelque chose, mais officiellement il doit porter l'avis du parti", explique le politologue Marc Bühlmann. "Il y a d'ailleurs beaucoup d'exemples dans l'histoire des partis, où certains présidents avaient peut-être une autre opinion que celle qu'ils devaient défendre."
Une difficulté qu’a par exemple connue Petra Gössi, qui a peiné à rassembler ses troupes PLR sur l’écologie, et qui a fini par jeter l’éponge.
Assumer les échecs
Lors d’échecs, il faut assumer. Quand on dirige un parti, on devient son visage. C’est aussi la leçon qu’a tirée Balthasar Glättli après la défaite de son parti aux dernières élections: "Président d’un parti, c’est comme un lampadaire: en bas, tu te fais uriner dessus et en haut tu dois briller", disait-il lors de son annonce de démission.
Cette lourdeur de la tâche pousse d’ailleurs certains comme le PS à établir une coprésidence.
Laisser sa trace
Mais il y a aussi les avantages de ce poste-clé: beaucoup de visibilité et une possibilité d’y laisser sa trace. Gerhard Pfister, par exemple, incarne le changement de ligne du PDC, devenu Le Centre sous sa présidence. Avec, à la clé, un gain de sièges aux dernières élections fédérales.
C’est donc avec tous ces éléments que les candidats UDC et Verts devront composer s’ils veulent devenir les nouveaux visages de leur parti respectif.
Mathieu Henderson
Des candidats qui se tâtent
Côté UDC, le premier à se lancer dans la course est le conseiller national schwytzois Marcel Dettling, qui a annoncé samedi son intention de briguer le poste. Son nom avait déjà été évoqué il y a trois ans et demi pour reprendre les rênes de l’UDC. Cet agriculteur de 42 ans est déjà une figure médiatique du parti en Suisse alémanique.
>> Lire : Le Schwytzois Marcel Dettling premier candidat pour reprendre la présidence de l'UDC
Un autre nom circule, celui de Benjamin Gizendanner. Certaines positions du conseiller national tranchent avec la ligne du parti. Surtout en ce qui concerne la politique familiale. Cet homme de 41 ans plaide pour un plus grand soutien aux crèches, notamment hors des villes. Il avait toutefois annoncé qu'il renoncerait à se présenter si Marcel Dettling devait se lancer dans la course.
Le délai d'annonce court jusqu'au 22 janvier.
Qui pour diriger les Verts?
Dans le camp des Verts, les spéculations vont bon train. La presse alémanique a cité une possible candidature de l'ancienne conseillère aux Etats genevoise Lisa Mazzone, évincée lors des dernières élections fédérales d'octobre.
Celle-ci n'a jamais confirmé ni infirmé cet intérêt pour le poste.
La cheffe de groupe aux chambres Aline Trede est également citée, tout comme l'ancienne présidente du Conseil national Irène Kälin.
Les candidatures doivent être déposées d'ici le dimanche 4 février.