Le syndicat SSP critique le transfert de responsabilité des cantons vers les caisses maladie. Celles-ci auront "davantage de pouvoir sur notre système de santé". Elles pourront gérer 11 milliards de francs versés par les cantons et décider "assez librement comment répartir ces sommes".
Cela entraînera une hausse des primes. Les coûts des soins de longue durée augmenteront également rapidement en raison de l'évolution démographique. Ils seront financés par les primes plutôt que par les impôts. Ce transfert est antisocial puisque les primes sont payées indépendamment du revenu et de la fortune, selon le syndicat.
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Pression sur le personnel
La pression pour faire des économies sur le personnel de santé et les patients s'accentuera. La santé et la prise en charge des aînés seront soumises à la logique des économies, ce qui met en danger la santé et la sécurité des patients, rappelle le SSP.
Il y a de plus en plus de situations dans lesquelles les besoins, mais aussi la sécurité des patients ne peuvent plus être garantis. Des sorties précoces de l’hôpital ont lieu, les processus de guérison sont reportés à domicile, où un traitement ultérieur de bonne qualité ne peut pas toujours être garanti, explique Deniz Killi, infirmière diplômée.
Les assureurs mettent une pression énorme sur le personnel pour aller encore plus vite. Or "les personnes que nous accompagnons ne sont pas des numéros", ajoute Cristina Vais, assistante en soins et santé communautaire.
Pour Deniz Killi, cette situation entraîne un cercle vicieux. "Tous mes collègues ont payé le prix de la pression croissante des coûts par un accroissement de leur engagement et de leur stress. Cela se traduit également par le nombre élevé et constant de personnes qui abandonnent la profession."
Par ailleurs, le projet de financement aggrave la sous-dotation systémique des établissements de soins de service public. "Dans ce système, les besoins des patients ne seront plus prioritaires: la question des coûts prend le dessus. La réforme met en danger la santé publique", assène le syndicat.
Financement uniforme
Le projet prévoit un financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires entre les cantons et les caisses maladie. Actuellement, les cantons, et donc les contribuables, financent les prestations stationnaires à hauteur d'au moins 55%, le reste étant pris en charge par les assureurs-maladie, donc les payeurs de primes. Dans le secteur ambulatoire, les prestations sont assumées à 100% par l'assurance obligatoire des soins.
Les soins ambulatoires étant moins chers que les soins stationnaires, la tendance est aux traitements ambulatoires. Mais cela pousse le coût vers les assureurs, ont rappelé plusieurs orateurs au cours des débats.
Longtemps en désaccord, les deux Chambres ont finalement trouvé un compromis sur cette question. Les cantons devront verser 26,9%. Les 73,1% restants seront financés par les assureurs, indépendamment du fournisseur et du lieu où les prestations sont fournies.
ats/jfe