La Poste n’est pas toujours tenue de livrer les journaux avant 12h30

Un auditeur neuchâtelois de l’émission On en parle est perplexe. Il est abonné à quatre quotidiens qu’il reçoit chez lui tous les jours: Le Temps, le Courrier, le Bund et la NZZ. Problème, mis à part le journal Le Temps qu’il reçoit tôt le matin, car livré par une entreprise privée, les trois autres journaux distribués par La Poste n’arrivent pas chez lui avant l’après-midi. La Poste n’est-elle pas tenue par la loi de distribuer le courrier au plus tard à 12h30?

Des délais rallongés

Selon Nathalie Dérobert-Fellay, porte-parole de La Poste, le délai légal de livraison du courrier dépend de plusieurs éléments. "Les délais de distribution varient selon qu’il s’agisse de lettres, colis ou journaux. Par exemple, une lettre en courrier A doit être distribuée un jour après son dépôt. La Poste est légalement tenue de distribuer le courrier au moins cinq jours par semaine, mais ni la Loi sur la Poste, ni l’Ordonnance ne prévoient à quelle heure le courrier doit arriver dans les boîtes aux lettres, explique-t-elle dans l’émission On en parle. Il existe toutefois une exception: dans les régions qui ne disposent pas d’une distribution matinale de journaux par porteur privé, La Poste est tenue de distribuer les journaux quotidiens jusqu’à 12h30."

Autrement dit, dans le cas des journaux quotidiens, s’il y a dans une ville la possibilité de faire appel à une entreprise privée pour une distribution matinale, La Poste n’a aucune obligation d’assurer la livraison avant 12h30. Toujours selon la porte-parole, le courrier est distribué jusqu’en début d’après-midi et jusqu’à 15h00 dans des situations exceptionnelles: "S’il y a de gros volumes, des périodes chargées ou des intempéries comme de la neige, ce délai s’étend jusqu’à 15h00 maximum."

Pour La Poste, les lecteurs et lectrices mécontents de recevoir leur journal pas suffisamment tôt "ont tout intérêt à entrer en contact avec l’éditeur de leur journal pour lui demander de faire appel à un porteur privé."

Des distributeurs privés jusqu'à 10 fois plus chers que La Poste

Du côté des journaux, contactés par On en parle, faire appel à des entreprises privées coûte extrêmement cher. Dans le cas du journal le Bund, pour cause d’abonnés peu nombreux dans une région comme Neuchâtel, le journal s’est redirigé vers La Poste. Idem du côté de la NZZ.

Enfin, Le Courrier à Genève n’a pas non plus les moyens de se permettre une livraison privée. Son rédacteur en chef, Philippe Bach, précise dans l'émission On en parle que cette méthode coûterait 8 à 10 fois plus cher que La Poste. La livraison l’après-midi représente cependant un réel handicap commercial pour une partie non négligeable de son lectorat: "Nous recevons constamment des réclamations par rapport à cela. Lors d’un sondage réalisé il y a cinq ou six ans, 40% de nos lectrices et lecteurs déclaraient être attachés au papier." Ce lectorat souhaitant recevoir son journal tôt le matin, il risque à la longue de se désabonner.

Sujet radio et propos recueillis par Marie Tschumi et Bastien von Wyss

Adaptation web: Myriam Semaani