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Gilles Marchand: "Prendre ce genre de décision, ça veut dire qu'on prépare bien l'avenir"

Interview de Gilles Marchand, directeur général de la SSR. [RTS]
Gilles Marchand, directeur général de la SSR annonce son départ: son interview / Forum / 6 min. / le 18 janvier 2024
Invité jeudi de l'émission Forum pour réagir à l'annonce de son départ, Gilles Marchand a d'abord tenu à dire que la décision avait été prise d'un commun accord avec Jean-Michel Cina (président de la SSR, ndlr), sur sa proposition. Ce départ s'effectue dans "l'intérêt du groupe" afin de "préparer l'entreprise et les échéances importantes qui arrivent", explique-t-il.

Il y avait deux options, ajoute-t-il: "La première, c'était d'anticiper, la deuxième, c'était de prolonger. Parce qu'on est partie du principe qu'il était totalement impossible de faire un tel changement en plein milieu d'une campagne de votation et en plein milieu de la négociation de la concession. Donc, en résumé, soit je partais en 2028-29, soit je partais en 2024-25 (...) Il nous a apparu plus intéressant dans l'intérêt de l'entreprise de faire cela plus vite que plus tard".

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"Bien sûr qu'on a envie de mener des batailles"

Selon certaines voix critiques, comme celle du conseiller national Jean-Luc Addor (UDC/VS), ce choix est toutefois un signe de faiblesse, une façon de quitter le navire alors qu'il y a un combat à mener avec la prochaine initiative sur la redevance.

Questionné à ce sujet, Gilles Marchand réfute cette analyse. "Prendre ce genre de décision dans une entreprise, ça veut dire qu'on prépare bien l'avenir", analyse-t-il.

Le directeur général de la Société suisse de radiodiffusion et télévision reconnaît qu'il aurait eu envie de mener ce combat: "On a envie de mener des batailles quand elles sont aussi importantes et qu'on est aussi attaché que moi à cette institution. Cela fait presque 30 ans que je me bats pour la SSR. Mais c'est justement pour ça que je crois qu'il faut être capable de réfléchir à ce qui est important pour l'entreprise dans une perspective de planification politique qui est difficile et tendue", ajoute-t-il.

L'importance des équilibres

Interrogé également sur la personne qui lui succédera, Gilles Marchand ne pense pas qu'il y ait un profil type. La personne pourrait être externe ou interne à l'entreprise, suisse allemande ou non.

"Il faut surtout une personne capable de mélanger plusieurs types de compétences. La première, c'est de comprendre l'évolution des médias (...) notamment avec le digital. Ensuite, comprendre la subtilité de ce pays, la subtilité culturelle, les équilibres fragiles entre les régions (...) et puis la troisième, ce sont quand même des compétences de conduite, de gestion (...)", juge-t-il.

Quel bilan?

A la tête de la SSR depuis le mois d'octobre 2017, Gilles Marchand estime qu'il est encore trop tôt pour dresser un bilan détaillé de son mandat, d'autant qu'il va encore oeuvrer pendant plusieurs mois à son poste, même s'il reconnaît qu'il a pu commettre des erreurs.

"Le bilan général, c'est d'avoir essayé d'accompagner un service public dans une évolution de la société de plus en plus numérique, avec des usages qui changent, des relations qui changent entre les médias et le public. C'est, en fait, préparer le service public à la suite. De ce point de vue-là, je pense que la SSR est en assez bonne position, en assez bonne santé", conclut-il.

Propos recueillis par Mehmet Gultas

Adaptation web: ther

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