Le ministre de l'Economie a quitté le Forum économique mondial (WEF) pour se rendre directement en Inde suite à "une invitation de dernière minute" de son homologue indien Piyush Goyal. "C'est là que nous nous sommes mis d'accord, après 16 ans de négociations, sur les grandes lignes de l'accord commercial AELE-Inde", écrit-il sur X.
Interrogé dimanche, le Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR) de Guy Parmelin précise que les Etats de l'AELE et l'Inde se sont mis d'accord, entre autres, sur les grandes lignes de la protection des brevets, un sujet controversé par le passé.
"Un nouveau chapitre sur la promotion des investissements doit également faire partie de l'accord. L'Inde fournira encore le texte finalisé à ce sujet", ajoute le DEFR. Les négociations ne sont pas encore terminées et les deux parties ont convenu de ne pas divulguer les détails.
Bonne nouvelle pour les exportations
Cet accord de libre-échange, un gage de "sécurité juridique", devrait profiter aux deux pays, a assuré le conseiller fédéral dimanche sur le plateau du 19h30.
La Suisse, et son économie tournée vers l'exportation, aura ainsi accès à "de nouveaux marchés", détaille Guy Parmelin, en particulier dans certains domaines comme la métallurgie et les machines-outils. Il devrait également garantir "des places de travail hautement qualifiées" dans le pays.
Quant à l'Inde, et son "immense bassin de population" de plus d'un milliard d'habitants, elle pourra créer des emplois, argumente le chef du DEFR. C'est "une opportunité pour la jeunesse indienne de sortir de la pauvreté", a-t-il ajouté.
Aussi pour les plus démunis
Un accord de libre-échange facilite en outre l'accès aux technologies respectueuses de l'environnement et encourage les investissements, estime le conseiller fédéral dans une interview publiée dimanche dans la SonntagsZeitung.
"Les démunis en Inde en profiteront également", répond Guy Parmelin à l'objection des organisations de développement, soulevée par le journal, selon laquelle l'Inde est un pays très pauvre malgré des taux de croissance élevés.
"L'accord de libre-échange Suisse-Inde est à portée de main. Une excellente nouvelle pour l'industrie tech, réagit sur X Swissmem, l'association faîtière de l'industrie suisse de la technologie. Swissmem soutient Guy Parmelin "dans le sprint final pour conclure une abolition des droits de douane aussi large que possible pour nos produits".
>> L'analyse dans Forum de François Gabella, vice-présidente de la faîtière de l’industrie suisse des machines et des équipements Swissmem:
Négociations depuis 2008
Guy Parmelin dirige la délégation de l'Association européenne de libre-échange (AELE). Outre la Suisse, en font partie l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège. En mai dernier, le ministre de l'Economie avait déjà rencontré son homologue indien Piyush Goyal. La rencontre avait été qualifiée d'étape positive pour faire avancer les négociations sur un accord de libre-échange. Les Etats de l'AELE et l'Inde le discutent depuis 2008 déjà.
Samedi dernier, le Secrétariat d'Etat à l'économie avait annoncé que l'AELE avait conclu vendredi un accord de libre-échange modernisé avec le Chili. A l'avenir, presque toutes les exportations suisses vers le Chili seront ainsi exemptées de droits de douane.
Et jeudi, Guy Parmelin a annoncé en marge du WEF à Davos que l'accord de libre-échange entre l'AELE et le Mercosur, prévu depuis des années, pourrait être conclu en 2024. Les Etats du Mercosur, à savoir le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay, seraient prêts.
ats/vajo