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L'opération "Enfants de la grand-route" doit être qualifiée de "génocide culturel"

Des enfants de gens du voyage près de Zurich en 1958. [Keystone/Str]
L'opération "Enfants de la grand-route" doit être qualifiée de "génocide culturel" / Le Journal horaire / 21 sec. / le 22 janvier 2024
Les gens du voyage demandent à la Confédération de qualifier l'opération "Enfants de la grand-route" de "génocide culturel". Lors de cette action, Pro Juventute avait enlevé des centaines d'enfants yéniches et sinti à leurs familles. Des membres de ces minorités ont aussi été stérilisés et internés.

Au cours du XXe siècle, la fondation Pro Juventute, soutenue par la Confédération, a retiré les enfants aux gens du voyage et déchiré les familles. On estime à 2000 le nombre d'enfants concernés, mais leur nombre exact n'est pas connu, rappellent des organisations et des personnalités yéniches dans une lettre ouverte à la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider rendue publique lundi.

Berne a aussi persécuté les Yéniches et les Sinti par d'autres moyens, notamment en les internant pour "vagabondage", ajoute le texte. Malgré les excuses présentées et les dédommagements versés, la Confédération doit maintenant reconnaître l'action "Enfants de la grand-route" comme un génocide culturel si elle entend assumer ses actes.

Opération de sédentarisation forcée des enfants

Les victimes ne sont pas seulement les personnes directement concernées, mais aussi leurs descendants, leurs proches, leurs familles et l'ensemble du peuple yéniche et sinti, souligne le texte.

La lettre ouverte a été signée notamment par la Radgenossenschaft der Landstrasse, l'organisation faîtière des Yéniches de Suisse, l'association yéniche transnationale Chefft Quant et l'organisation Jenische-Manouche-Sinti (JMS), active en Suisse romande.

L'"Oeuvre d'entraide pour les enfants de la grand-route" a été active entre 1926 et 1973. Elle visait à sédentariser de force les enfants tsiganes. Ceux-ci ont été des foyers, des familles d'accueil, des asiles psychiatriques et des prisons. Une étude, dirigée par le professeur zurichois Roger Sablonnier et publiée en 1998, avait jeté une lumière crue sur cette action.

ats/ebz

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