Lisa Mazzone: "J'ai dit que je ferai vivre mes convictions ailleurs et c'est ce que je fais"
L'émotion, la rancune et la tristesse semblent être de l'histoire ancienne. Deux mois après son éviction du Conseil des Etats, Lisa Mazzone souhaite signer son grand retour sur le devant de la scène politique en annonçant sa candidature à la présidence des Vert-e-s suisses.
"La défaite laisse évidemment des traces, une cicatrice. Mais elles marquent aussi ce qu'on est dans la vie. D'abord, on les trouve moches et ensuite, on en fait quelque chose et on les regarde avec une certaine fierté", philosophe-t-elle mercredi au micro de La Matinale.
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Agir autrement et ailleurs
Pourtant, en novembre dernier, elle avait déclaré qu'elle allait a priori se retirer de la vie politique, qu'il était important pour elle de "prendre du recul pour pouvoir respirer et faire le bilan". Dans La Matinale, elle rectifie: "J'ai dit que je ferai vivre mes convictions ailleurs par d'autres biais et c'est ce que je fais en proposant ma candidature à la présidence de mon parti".
Pour moi, la politique parlementaire a toujours été un moyen et pas une fin
Consciente que pour l'heure la voie parlementaire n'est plus une option pour elle, la Genevoise, qui fêtera ses 36 ans jeudi, voit dès lors dans la présidence des Vert-e-s suisses une possibilité de poursuivre son travail. "Pour moi, la politique parlementaire a de toute façon toujours été un moyen et pas une fin", souligne-t-elle.
Sans compter que la politique de son parti ne se déploie pas seulement sous la Coupole à Berne. "Pour notre parti, la politique se fait évidemment au Parlement pour poser le cadre, mais elle se fait aussi au-dehors, dans la société civile, dans les milieux culturels, la science, l'économie."
C'est la nouvelle mission qu'elle souhaite désormais embrasser. "Je veux apporter une contribution dans ce moment clé où les pires scénarios semblent se réaliser en matière de climat et de biodiversité et où on sent un fort vent contraire face aux propositions et solutions à ces défis. On a besoin d'un discours d'espoir qui montre que c'est une chance pour notre société d'agir ensemble. Et ce, d'autant plus dans le contexte d'instabilité actuel marqué par la montée de l'extrême droite."
Pas un objectif en soi
Et Lisa Mazzone l'assure: la présidence du parti n'a jamais vraiment été pour elle un objectif en soi. "Au moment de mon éviction du Conseil des Etats, je n'y pensais pas. L'idée est arrivée sur la table après, lorsque j'ai été approchée, comme d'autres. J'y ai beaucoup réfléchi et je vois que je peux vraiment apporter quelque chose au parti par mes compétences et mon énergie."
Les Vert-e-es restent un parti institutionnel qui aspire à changer le cadre. Mais c'est un parti particulier par ses convictions très fortes et son envie de changer les choses en profondeur
A la question de savoir si elle pense que les activistes du climat sont une force ou un handicap pour son parti à l'avenir, l'ancienne conseillère aux Etats verte botte en touche. "Les Vert-e-s n'ont pas à assumer leurs actes. Nous ne sommes pas liés à eux. Ce sont des organisations indépendantes responsables de ce qu'elles font."
Quoi qu'il en soit, hors sérail parlementaire, il n'est pas question pour elle de jouer davantage la carte antisystème.
"Les Vert-e-es restent un parti institutionnel qui aspire à changer le cadre. Mais c'est un parti particulier par ses convictions très fortes et son envie de changer les choses en profondeur." Et c'est là que réside tout le défi de son parti à l'avenir, selon elle. "Il nous faudra aller chercher les gens, aller à leur contact et déconstruire certaines peurs."
Propos recueillis Pietro Bugnon
Adaptation web: Fabien Grenon
Seule candidate déclarée
Pour l’heure, Lisa Mazzone est la seule candidate déclarée. Serait-elle la bonne personne pour succéder à Balthasar Glättli?
Plusieurs éléments semblent en tout cas jouer en sa faveur. Malgré son éviction du Conseil des Etats en novembre, elle reste très populaire au sein des Vert-e-s. Ses collègues soulignent notamment sa connaissance des dossiers et son dynamisme. Elle a aussi l’avantage de parler allemand et italien. Elle est l’une des politiciennes romandes les plus connues outre-Sarine.
Il n'est toutefois pas sûr que cela suffise pour renforcer le parti. Certains plaident par exemple pour une présidence alémanique, ce qui permettrait de séduire un plus grand bassin d’électeurs et électrices.