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Les violences à l'encontre du corps médical se multiplient en Suisse

L’agressivité de certains patients envers le personnel soignant augmente. Témoignages
L’agressivité de certains patients envers le personnel soignant augmente. Témoignages / 19h30 / 2 min. / le 25 janvier 2024
Menaces, insultes et même violences physiques: l'agressivité de certains patients envers le personnel soignant augmente. Certains professionnels de la santé dénoncent un phénomène de société lié à la culture du "tout, tout de suite".

De nombreux médecins, infirmiers, infirmières témoignent d'un climat d'agressivité en hausse dans les hôpitaux ou les cabinets médicaux. Beaucoup affirment être de plus en plus souvent victimes de violences verbales, voire physiques.

"J’ai des patients qui m’ont dit: je sais où vos enfants vont à l’école. Faites attention, regardez toujours derrière vous, un accident est si vite arrivé", raconte Jessica Colombé, médecin généraliste.

Changement sociétal

Pour elle, cette hausse des violences illustre un changement sociétal. Ces agressions interviennent généralement en cas de refus d'un traitement ou d'un arrêt de travail ou encore pour une attente un peu longue. "C’est quasiment tous les jours que les gens veulent quelque chose tout de suite", explique Karine Scheurer. "Et quand on les freine un peu, ils nous agressent".

En tant qu'assistante médicale, la jeune femme est en première ligne de ces violences. Et si elles sont pour la plupart du temps verbales, les choses peuvent vite déraper. "J’ai failli prendre un coup de poing d’une patiente par exemple", témoigne Karine Scheurer. "J'aime mon métier, mais l’accumulation de ces agressions verbales font que j’ai un peu perdu la flamme."

Et son cas est loin d’être isolé. Une autre assistante médicale rapporte une histoire similaire. "Les agressions verbales, c’est tout le temps, par téléphone, par mail. J’apprécie mon travail, mais j’en viens à redouter les téléphones. Si je ne trouve pas de place dans l’agenda, on va me crier dessus. Des mots qui blessent. J’ai failli avoir un coup de poing dans la figure par un couple qui réclamait un rendez-vous plus vite", explique-t-elle. "La tendance actuelle, c’est dur. Les gens veulent sauver leur peau en premier".

Difficulté de répondre aux attentes

Le climat de violence qui règne dans les hôpitaux a des effets sur le personnel soignant. "Cette incivilité est difficile à comprendre", confie Séverine Charbonnet-Lusson, infirmière-cheffe du service des urgences de l'Hôpital du Valais. "Elle a un impact émotionnel et c'est une charge mentale et des conditions de travail qui deviennent de plus en plus difficiles à accepter", poursuit-elle.

Les sociétés médicales ne tiennent pas de statistiques, mais les témoignages d’une violence croissante les interpellent. Monique Lehky Hagen, présidente de la Société médicale du Valais, souligne un écart entre les attentes des patients et les ressources du système de santé.

"Le patient voit qu'il doit payer de plus en plus de primes maladie, donc il a des attentes par rapport à ce système de santé", affirme-t-elle. Sauf que celui-ci "se retrouve de plus en plus sous des pressions de ressources, de temps, de coûts et peine à répondre à ces demandes", ajoute-t-elle.

Monique Lehky Hagen estime donc que tous les acteurs du système de santé - patients, médecins, assureurs, etc. - doivent désormais changer leur culture de discussion.

Sujet TV: Claudine Gaillard Torrent

Adaptation web: Emilie Délétroz

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