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La Suisse n'a pas encore pris de décision sur le financement de l'UNRWA

L'Unrwa annonce s'être séparée de "plusieurs" de ses employés, accusés par les autorités israéliennes d'être impliqués dans l'attaque du Hamas le 7 octobre contre Israël. [Reuters - Ibraheem Abu Mustafa]
UNRWA: la Suisse doit-elle suspendre son financement? Débat entre Carlo Sommaruga et Pierre-André Page / Forum / 11 min. / le 27 janvier 2024
L'UNRWA a annoncé se séparer de plusieurs employés accusés d'être impliqués dans l'attaque du Hamas le 7 octobre. Plusieurs pays ont déjà bloqué leurs financements tandis que la Suisse attend les résultats de l'enquête pour se prononcer.

Vendredi soir, l'UNRWA, l'Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, annonçait se séparer de plusieurs employés soupçonnés d'être impliqués dans les attaques terroristes menées par le Hamas le 7 octobre contre Israël.

Moins de 24 heures plus tard, plusieurs Etats ont déjà bloqué provisoirement leurs versements, dont l'Italie, le Royaume-Uni, la Finlande et les Etats-Unis. La Suisse a indiqué vendredi attendre les résultats de l'enquête pour décider "des suites à donner" concernant sa contribution financière à l'UNRWA.

Enquête ouverte par l'UNRWA

La Suisse a d'abord déclaré, comme l'Union européenne, qu'elle attendrait les résultats de l'enquête ouverte par l'UNRWA pour prendre une quelconque décision.

Puis le Département fédéral des affaires étrangères a indiqué que les contributions à l'UNRWA prévues cette année, qui n'ont pas encore été versées, ne le seraient que lorsqu'il disposerait de plus d'informations sur ces graves allégations. Ce n'est pas une suspension du financement pour autant, précise le Département, mais un besoin d'analyse supplémentaire de la situation, avant de procéder au paiement.

L'analyse pourrait donc être faite indépendamment et plus rapidement que l'enquête menée par l'agence onusienne.

Des élus opposés à la contribution suisse

Certains élus réclament dès maintenant une suspension immédiate du financement suisse: en fin d'année dernière, le Conseil national avait même demandé de supprimer la contribution suisse à l'UNRWA, qui se monte à 20 millions de francs par année, en raison d'une possible connivence entre l'agence onusienne et le Hamas.

Une prise de position soutenue par le conseiller national UDC fribourgeois Pierre-André Page, interrogé dans Forum: "Je crois que la Suisse doit vraiment être stricte. On doit aider la population qui est en difficulté, mais pas par l'intermédiaire d'une organisation terroriste".

Le Conseil des Etats s'y était opposé et un compromis avait été trouvé: le financement avait été réduit de 10 millions de francs et assorti de conditions: les commissions de politique extérieure du Parlement doivent, par exemple, être informées régulièrement des fonds humanitaires destinés au Proche-Orient et de la façon dont ils sont utilisés.

>> Relire : Le Parlement adopte le budget 2024 après un compromis sur le financement de l'UNRWA

Dans cette optique, le commissaire de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, doit être auditionné prochainement par une commission de politique extérieure. Ce qui devrait contribuer à faire la lumière sur cette affaire.

"Aucune tolérance face au soutien du terrorisme"

Pour Pierre-André Page, il est naïf de penser que l'UNRWA n'est pas impliquée dans l'action de ses employés: "Je n'ai aucune tolérance face au soutien du terrorisme. On a la preuve que de l'argent a été versé pour le soutien du Hamas et Monsieur Lazzarini a licencié rapidement douze employés avant qu'il n'y ait eu d'enquête".

Carlo Sommaruga, conseiller aux États socialiste genevois, soutient que l'UNRWA n'est pas une organisation terroriste. Il rappelle que l'organisation a été créée par l'ONU pour venir en aide aux réfugiés.

>> Lire : A quoi sert l'UNRWA, l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens?

Il estime que ce n'est pas à cause de quelques employés soupçonnés que toute l'organisation doit être sanctionnée. Il rappelle l'importance vitale de l'organisation pour la survie des habitants de Gaza: "punir l'UNRWA, c'est surtout punir la population qui est dans le besoin à Gaza, et il n'y a pas d'alternative".

Pierre-André Page estime qu'il existe d'autres solutions face à l'urgence humanitaire, comme la Croix-Rouge. Mais il insiste sur la nécessité d'avoir des contrôles stricts. "Il y a beaucoup de laisser-aller partout. Il y a un travail nécessaire de la Confédération pour contrôler ces financements à l'étranger."

Le conseiller national fribourgeois a ramené le dossier au Parlement. Une commission parlementaire se rencontrera cette semaine à Berne pour enquêter sur les financements de l'UNRWA.

Sujet radio: Cynthia Gani, Charlotte Frossard

Adaptation web: Carlotta Maccarini

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Le chef de l'UNRWA Philippe Lazzarini juge "choquantes" les suspensions de fonds

Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a jugé samedi "choquantes" les suspensions de fonds décidées par plusieurs pays donateurs suite à une polémique sur le possible rôle de certains de ses employés dans l'attaque du 7 octobre.

"Il est choquant de voir la suspension des fonds en réaction à des allégations contre un petit groupe d'employés", compte tenu des mesures déjà prises et du rôle de l'agence dont "dépendent deux millions de personnes pour leur simple survie", a déclaré Philippe Lazzarini dans un communiqué.