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La Libye demande à la Suisse d'annuler sa liste noire

Max Goeldi avait été arrêté en Libye en 2008, en représailles à l'arrestation d'Hannibal Kadhafi à Genève.
Max Göldi, ici avec Hannibal Kadhafi, a déposé un recours contre sa condamnation.
L'ambassadeur de Libye à l'ONU a réitéré mercredi la demande de Tripoli envers la Suisse d'annuler une "liste noire" de 188 Libyens, dont le chef de l'Etat Mouammar Kadhafi, qui sont interdits d'entrée dans l'espace Schengen. Cette liste a été établie par Berne dans le cadre de la crise opposant les deux pays.

L'ambassadeur, Mohamed Shalgham, a déclaré à des journalistes
que Tripoli appelait Berne "à annuler cette liste noire et à
recourir à un arbitrage" international pour résoudre la dispute.
"Nous voulons une solution. Nous sommes prêts à accepter quelque
verdict que ce soit" d'une commission d'arbitrage, a-t-il
ajouté.



Le Conseil fédéral avait suspendu l'accord passé avec la Libye
prévoyant un tel arbitrage début novembre 2009, suite à la
détention par les autorités libyennes de deux hommes d'affaire
suisses, Max Göldi et Rachid Hamdani, dans un lieu inconnu à
Tripoli.

270 visas refusés

Les deux pays sont en pleine crise diplomatique depuis
l'interpellation, en juillet 2008 à Genève, d'un fils du dirigeant
libyen, Hannibal, sur plainte de deux domestiques l'accusant de
mauvais traitements. Tripoli avait réagi en retenant les deux
hommes d'affaires suisses en Libye, dont l'un, également Tunisien,
a pu quitter le pays fin février.



Berne avait répliqué en dressant une liste de personnalités
libyennes indésirables sur son sol et dans l'espace Schengen. Selon
l'Office fédéral des migrations cité par l'AFP, 270 demandes de
visa de Libyens cherchant à entrer dans l'espace Schengen européen
ont été rejetées l'an dernier à la demande de la Suisse, sur un
total de 30'000.

"Il y a des règles"

La Libye a récemment répliqué en annonçant qu'elle refuserait
les visas d'entrée aux ressortissants des pays de la zone Schengen.
Elle a aussi ordonné "un embargo total sur tous les échanges
économiques et commerciaux avec la Suisse". "Ce sera la réciprocité
jusqu'à ce qu'ils (les Suisses) annulent leur liste noire," a dit
Mohamed Shalgham, relevant que lui-même et son fils figuraient sur
cette liste, aux côtés de plusieurs ministres et hauts responsables
libyens. "Ce que nous voulons de la Suisse, c'est le respect de nos
citoyens. Il y a des règles. Il y a immunité pour les diplomates,"
a-t-il ajouté.



L'ambassadeur libyen, dont le pays préside actuellement
l'Assemblée générale de l'ONU, a souligné que la querelle affectait
les relations commerciales de la Libye avec des pays amis de l'UE à
cause du refus de visas d'entrée imposé aux ressortissants de
l'espace Schengen. La mission suisse auprès de l'ONU n'a pas
souhaité réagir à ces propos.



ats/cab

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Max Göldi fait recours

Le Suisse Max Göldi, condamné en appel à quatre mois de prison pour "séjour illégal" en Libye, a déposé un recours devant la Cour suprême, a indiqué mercredi à l'AFP son avocat libyen Salah Zahaf.

Il avait déjà présenté une demande de grâce auprès de la haute cour de justice libyenne.

"Nous avons déposé lundi un recours devant la cour suprême", a indiqué Me Zahaf. "La grâce peut être accordée sur décision politique, tandis que le recours que nous avons déposé devant la Cour suprême est une affaire de justice", a précisé l'avocat.

Selon Amnesty International, la réponse à la demande de grâce peut arriver à tout moment, alors que a procédure de recours peut prendre des semaines, voire des mois.

Max Göldi est retenu depuis 19 mois en Libye. Il a été arrêté deux jours après l'arrestation à Genève en juillet 2008 d'Hannibal Kadhafi.

L'employé d'ABB s'est rendu le 22 février aux autorités libyennes et doit purger sa peine de quatre mois de prison. L'autre Suisse arrêté en même temps que lui, Rachid Hamdani, a pu quitter la Libye.

Excuses américaines acceptées

La Libye a accepté mercredi les excuses du haut responsable du département d'Etat américain qui avait fait, fin février, une plaisanterie sur les paroles de Mouammar Kadhafi, lorsqu'il avait appelé à la guerre sainte contre la Suisse.

La semaine dernière, la Libye avait mis en garde contre des conséquences négatives pour les Etats-Unis si ceux-ci ne s'excusaient pas.

Le porte-parole en chef du département d'Etat, J.P. Crowley, a ainsi présenté ses excuses mardi.

Interrogé le 26 février sur l'appel au jihad de Kadhafi, il avait rappelé la diatribe insolite et interminable du dirigeant libyen à la tribune de l'ONU en septembre, qui contenait "beaucoup de mots, beaucoup de papier volant un peu partout et pas forcément beaucoup de sens".