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"Tout est possible pour Max Göldi", selon Tripoli

Ibrahim Aldredi a appelé à ce que Berne lève le blocus des visas.
Ibrahim Aldredi a appelé à ce que Berne lève le blocus des visas.
Tout est possible pour Max Göldi, le ressortissant suisse détenu en Libye, a assuré jeudi l'ambassadeur libyen auprès de l'ONU à Genève Ibrahim Aldredi. Il a réitéré les demandes de Tripoli pour normaliser les relations avec la Suisse.

"Tout est possible pour Max Göldi", a affirmé l'ambassadeur en
réponse à la question d'un journaliste. Il a cependant précisé que
son sort dépend des tribunaux et que le système judiciaire libyen
est "indépendant". "Ce seront les tribunaux qui décideront, pas
nous", a déclaré Ibrahim Aldredi. Il n'a pas écarté une grâce
accordée par le colonel Kadhafi, tout en affirmant ne rien pouvoir
dire à cet égard.

Les conditions d'une normalisation

L'ambassadeur a lu une déclaration écrite dans laquelle il
justifie les actions de la Libye depuis le début de la crise et
accuse la Suisse d'avoir refusé de négocier. Les relations entre la
Suisse et la Libye peuvent être normalisées à quatre conditions, a
indiqué l'ambassadeur. Ce sont la création d'une commission
d'arbitrage, le jugement des responsables de l'arrestation
d'Hannibal Kadhafi, en août 2008, une enquête sérieuse sur les
photos du fils du colonel publiées dans la "Tribune de Genève" en
août 2009 et la levée de l'interdiction à plus de 180 dirigeants et
citoyens libyens de recevoir des visas Schengen.



"Nous sommes désireux de résoudre la crise avec la Suisse. C'est
la Suisse qui retarde une solution", a déclaré Ibrahim Aldredi. Il
a insisté sur la formation d'une commission internationale
d'arbitrage. Il a précisé qu'elle devrait être formée de trois
représentants d'Etats tiers et dirigée par une personnalité
indépendante. Si un accord sur le nom de cette personnalité n'est
pas conclu dans les 30 jours, la Cour internationale de justice de
La Haye sera chargée de sélectionner les arbitres, a-t-il
dit.



Début novembre 2009, suite à la détention par les autorités
libyennes des deux ressortissants suisses Max Göldi et Rachid
Hamdani dans un lieu inconnu à Tripoli, le Conseil fédéral avait
suspendu un accord passé avec la Libye prévoyant un tel
arbitrage.

Blocus Schengen dénoncé

L'ambassadeur a également lu la liste d'une trentaine de noms de
dirigeants libyens dont la Suisse a obtenu l'interdiction de visa
dans les pays de la zone Schengen. S'y ajoutent environ 150 noms de
citoyens libyens. Dix membres de la famille Kadhafi sont concernés,
plusieurs ministres, dont ceux des Affaires étrangères, de la
Santé, de la Défense, des Communications, le président de
l'Assemblée générale de l'ONU, le secrétaire général de l'OPEP et
de nombreux hauts fonctionnaires des Affaires étrangères et de la
Défense, selon la liste lue par l'ambassadeur libyen à
Genève.



"C'est une grande humiliation pour ces personnalités. Cette
interdiction a des raisons politiques. Elle provoque une grave
détérioration des relations entre la Suisse et la Libye", a dénoncé
Ibrahim Aldredi. "La Suisse utilise les accords Schengen pour des
raisons politiques", a-t-il répété.



Comme la veille son homologue à New York, l'ambassadeur libyen
auprès de l'ONU Mohamed Shalgham, l'ambassadeur à Genève a demandé
à la Suisse d'annuler cette "liste noire". La Libye avait répliqué
à la mesure prise par Berne en annonçant qu'elle refuserait les
visas d'entrée aux ressortissants des pays de la zone
Schengen.



L'adjoint de l'ambassadeur à Genève a précisé que l'appel au
"jihad" lancé il y a deux semaines par le colonel Kadhafi n'était
pas une "déclaration de guerre". "Il existe diverses formes de
jihad", a-t-il dit. Le chef de l'Etat libyen a appelé à "un embargo
économique" contre la Suisse. "Cet embargo économique contre la
Suisse concerne une autre question, l'interdiction de la
construction des minarets" décidée par le peuple suisse le 29
novembre, a souligné le diplomate libyen.



ats/hof

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Berne réfute en bloc

La Suisse rejette "totalement" les reproches de la Libye, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Berne "a toujours respecté ses engagements dans les accords passés jusqu'ici avec la Libye", a relevé le DFAE.

La Suisse est comme avant prête à négocier, avec des moyens diplomatiques.

Pour Hasni Abidi, directeur du Centre d'étude et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERNAM), les accusations libyennes font partie d'une campagne médiatique et politique.

Après New York et Londres, Genève était la troisième étape prévue par les représentants libyens pour délivrer la version du régime.

"Cette offensive reflète la colère et le désarroi des autorités libyennes après avoir pris connaissance récemment des noms des leaders du régime énumérés dans la liste noire", établie par la Suisse dans le cadre de Schengen, poursuit le chercheur.