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Les Ouïgours de Guantanamo sont dans le Jura

Charles Juillard a annoncé la nouvelle devant le Parlement.
Charles Juillard a annoncé la nouvelle devant le Parlement.
Les deux ex-détenus ouïgours de Guantanamo sont arrivés mardi matin dans le canton du Jura. "Les choses se passent bien et nous souhaitons leur assurer un peu de calme", a annoncé mercredi devant le Parlement jurassien le président du gouvernement, Charles Juillard.

C'est sous les applaudissements des députés que le ministre des
Finances, de la Justice et de la Police a fait son annonce. "Les
deux personnes s'acclimatent très bien", a précisé Charles
Juillard.



Le canton du Jura veut leur assurer un peu de calme et n'entend
pas dans l'immédiat donner davantage d'informations, notamment sur
leur lieu de domicile. Les deux ex-détenus de la base américaine de
Guantanamo sont pris en charge par l'Association jurassienne d'aide
aux migrants.

Des cours de français

Les deux frères, âgés de 45 et 34 ans, "ont été transférés de
Guantanamo vers leur canton d'accueil en collaboration avec les
autorités américaines", a indiqué le Conseil fédéral. Ils vivront
dans le canton du Jura.



"La Suisse entend ainsi contribuer, aux côtés d'autres pays, à la
fermeture de ce camp de détention", a expliqué le
gouvernement.



Le porte-parole du gouvernement jurassien, Pierre-Alain Berret, a
précisé que les deux frères "étaient installés au même endroit et
vivaient ensemble". "Ils vont assez rapidement prendre des cours de
français, le processus d'intégration va démarrer".



"Ils se sont engagés vis-à-vis de la Suisse à respecter l'ordre
juridique de leur pays d'accueil. (...) Ils ont également indiqué
qu'ils entendaient s'intégrer professionnellement et subvenir
eux-mêmes à leurs besoins", a-t-elle assuré.

A charge de la Confédération

La Confédération prend à sa charge tous les frais liés à leur
séjour jusqu'à leur indépendance financière. Elle rappelle que les
deux hommes n'ont été ni accusés, ni condamnés par les autorités
américaines.



Titulaires d'un permis B, les deux frères peuvent se déplacer
librement en Suisse mais auront besoin d'un visa Schengen pour
quitter le pays.



Un premier ancien détenu de Guantanamo, un Ouzbek, avait été
accueilli par la Suisse début 2010. Il est installé dans le canton
de Genève.



agences/sbo

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Une source de tensions avec Pékin

La Confédération avait donné début février son accord pour les accueillir, déclenchant une vive réaction de Pékin, qui avait estimé que cette décision allait "sûrement miner les relations" sino-suisses.

Auparavant, la Chine avait fait pression sur le gouvernement helvétique en réclamant dans une lettre qu'il renonce à accueillir les deux anciens détenus issus de la communauté de langue turque et musulmane vivant dans le nord-ouest de la Chine.

"Les terroristes présumés de nationalité chinoise, quelles que soient leurs ethnies, doivent être rapatriés en Chine", avait alors argué Pékin, qui considère que les deux anciens détenus "étaient membres de l'organisation terroriste du Mouvement islamique du Turkestan oriental".

"Les deux Ouïgours n'ont été ni accusés, ni condamnés par les autorités américaines", a au contraire estimé la Confédération mercredi.

Au total, 22 Chinois de l'ethnie ouïgoure ont été détenus à Guantanamo, la prison la plus controversée du monde, ouverte pour les personnes soupçonnées de terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001. Ils ont tous été innocentés et Washington a refusé de les renvoyer en Chine de crainte qu'ils y soient persécutés.