Ce chiffre de 200'000 signatures constitue quasiment un record
pour à peine cinq mois de récolte, ont souligné les initiants
devant la presse. Cette performance témoigne du soutien massif de
la population à la médecine de premier recours, s'est félicité le
docteur Peter Tschudi, président du comité
d'initiative.
Il faut dire que "pendant des années, on a beaucoup promis aux
médecins de famille, mais pas grand chose n'a été tenu", a fustigé
le praticien, également directeur de l'institut de médecine
générale de l'Université de Bâle. Selon lui, l'initiative est la
dernière solution pour faire pression sur le monde politique.
L'initiative ne sera toutefois pas maintenue à tout prix, a
précisé le docteur Tschudi. Les médecins généralistes ne veulent
pas de loi spécifique à leur profession, ils veulent faire passer
leur vision qui accorde une place centrale à la médecine de premier
recours et pourraient retirer leur texte si leurs revendications
sont remplies.
Trouver 3200 médecins en 6 ans
Il s'agit d'assurer la survie à long
terme de la médecine de premier recours. Le texte doit ancrer dans
la constitution fédérale la garantie d'une médecine de base pour
tous en Suisse. Il veut encourager la relève des médecins de
famille et l'accès aux soins dans les régions périphériques.
La pénurie de généralistes est très proche, a justifié François
Héritier, vice-président de l'association Médecins de famille
Suisse. La moyenne d'âge des praticiens en exercice est de 57 ans
et en 2016, la moitié d'entre eux arriveront à l'âge de la
retraite. En 2021, ce sont même trois quarts de l'effectif actuel
qui pourront cesser leur activité professionnelle.
Pour combler ce manque, il faudra trouver 3200 médecins de famille
en 6 ans et plus de 4500 d'ici 11 ans. "Faute de quoi s'installera
une médecine à deux niveaux avec une première classe ayant accès à
un généraliste et une autre tributaire de la médecine d'urgence", a
ajouté le docteur Héritier.
Santésuisse circonspecte
Dans sa réaction, Santésuisse n'a pas paru convaincu: "Nous
sommes ouverts à une discussion sur les prestations de soin mais ne
voulons pas d'un article constitutionnel pour chaque profession de
la santé", a indiqué son porte-parole Felix Schneuwly.
L'équilibre de rémunération entre généralistes et spécialistes est
loin d'être atteint, a-t-il encore reconnu. Mais il ne doit pas se
faire sur dos de ceux qui paient les primes.
ats/boi
Des mesures dans le Jura
Le canton du Jura prend aussi des mesures contre la pénurie de médecins généralistes qui touche essentiellement les régions périphériques.
Il financera deux places de stage de six mois pour des médecins assistants au sein de cabinets médicaux.
L'organisation se fera sur la base d'un contrat avec l'Hôpital du Jura qui assurera le rôle d'employeur de ces médecins qui feront un partie de leur cursus à l'hôpital et six mois dans un cabinet de la région. Le financement est assuré aux trois quarts par le canton.
Le 25% du salaire restant étant pris en charge par le médecin formateur.
L'objectif de cette démarche est d'assurer à toute la population et sur tout le territoire une offre de médecine de premier recours qui soit de qualité, relève vendredi le canton du Jura.
Cette formation post-graduée des médecins-assistants au cabinet d'un praticien doit inciter les jeunes à se former dans cette discipline plutôt que d'opter pour une spécialisation.