Le gouvernement vaudois a souligné qu'il "regrette que cette
décision soit motivée par le procès en partialité fait sans aucun
fondement à François Jomini ainsi que par le climat de scandale
entretenu autour de ce drame".
Le conseiller d'Etat Philippe Leuba a déjà pris contact avec un
certain nombre de personnalités, certaines extérieures au canton de
Vaud, "susceptibles de remplir le mandat dans le délai imparti et
avec l'esprit d'indépendance requis par les circonstances".
Attaqué par la presse
Pour expliquer sa décision, le juge mentionne un article de
presse qui met "en doute l'esprit d'indépendance" avec lequel
l'enquête devrait être menée. "Le Matin" a indiqué le jour même que
François Jomini est président de la Fondation vaudoise de probation
et que Catherine Martin, cheffe du service pénitentiaire, en est la
vice-présidente.
"Désigné" par le conseiller d'Etat Philippe Leuba pour conduire
l'enquête sur le décès du détenu le 11 mars à Bochuz, François
Jomini dit s'être "toujours efforcé d'oeuvrer en toute
indépendance, sans pression d'aucune sorte. En l'espèce, je ne peux
pas envisager de travailler dans un climat de suspicion, peu
propice à la sérénité, alors que je n'ai même pas commencé mes
travaux".
De son côté, le Conseil d'Etat a pris acte de la décision de
l'ancien juge, en regrettant que celle-ci ait été motivée "par le
procès en partialité fait sans aucun fondement à François Jomini
ainsi que par le climat de scandale entretenu autour de ce
drame".
La gauche vaudoise applaudit
La Fédération des sociétés de fonctionnaires vaudois (FSF) avait
fait part vendredi matin de ses doutes sur le bien-fondé du choix
de François Jomini.
Dans "Le Matin", les socialistes et A gauche toute! avaient jugé
le choix inadmissible à cause de cette présidence de la Fondation
vaudoise de probation, qui s'occupe des personnes ayant à faire à
la justice, et de la présence de Catherine Martin à ses
côtés.
ap/ats/jeh
Bref rappel des faits
Le décès du détenu, incarcéré dans le quartier de haute sécurité de Bochuz, a suscité la polémique au sein de la classe politique vaudoise suite à la publication par la presse des échanges téléphoniques entre la prison et la police.
Ces derniers ont montré que les intervenants ont tardé à intervenir et qu'ils ont tenu des propos injurieux à l'égard du prisonnier.
L'homme avait bouté le feu à son matelas, suite à un différend avec les gardiens.
Il est mort asphyxié dans sa cellule.
Agé de 30 ans, il était incarcéré depuis l'âge de 18 ans.
Premier train de mesures
Suite au décès du détenu, le conseiller d'Etat Philippe Leuba a pris une série de mesures en vue d'améliorer la sécurité des détenus.
Il a notamment décidé d'interdire les briquets dans la zone sécurisée des Etablissements de la plaine de l'Orbe (EPO) et de procéder à de nouveaux tests incendies des matelas.
En outre, des briquets sans flamme seront mis en vente auprès des détenus alors qu'un agent de détention de nuit et un service de piquet composé de deux agents de détention renforceront le dispositif en place.
Un audit externe portant sur toutes les directives sécuritaires des EPO a en outre été commandé par le gouvernement vaudois et devrait se dérouler sur trois mois.
Le coût total des mesures prises est d'environ 330'000 francs.
Un rapport complet sera soumis au Conseil d'Etat et au Grand Conseil vaudois. Il sera rendu public.
La procédure pénale se poursuit en parallèle.