"Ce qui est nouveau, c'est la pénurie structurelle: il y a 10 ans, seuls 20% du corps enseignant avait plus de 50 ans. Aujourd'hui, ils sont 35% à dépasser cet âge", explique lundi Beat W.Zemp dans les colonnes du quotidien Le Temps . Le président de l'association faîtière des enseignants (LCH) souligne aussi que l'explosion du temps partiel, liée à la forte présence des femmes, multiplie la demande de collaborateurs.
Des soucis programmés en Suisse romande
Selon Beat W.Zemp, la situation va empirer en Suisse romande: "Genève se trouvera sous peu dans une ambiance tendue car, au-delà des départs à la retraite, le canton du bout du lac devra jongler avec une croissance du nombre d'enfants".
Se basant sur les chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS), Beat W.Zemp estime que Neuchâtel et Vaud doivent également s'attendre à des pénuries critiques tandis que dans le Jura, presque la moitié du corps enseignant a déjà plus de 50 ans. Le Valais jouit de la meilleure situation: seuls 29% des enseignants ont plus de 50 ans.
"Aujourd'hui, il est déjà quasi impossible de recruter dans des branches comme les mathématiques, la physique ou la chimie pour le gymnase ou les écoles professionnelles", précise le président de la LCH. La situation est aussi critique au secondaire, exigeant "l'engagement de professeurs primaires dans des branches pour lesquelles ils n'ont pas été formés. Cela nuit à la profession."
De grosses craintes sur le long terme
"Les Hautes Ecoles pédagogiques ne préparent actuellement que la moitié des forces qui seraient nécessaires pour répondre aux besoins à long terme", poursuit le représentant des enseignants. Celui-ci craint qu'une révision à la baisse des exigences de formation pour motiver un nombre suffisant de candidats serait fatal à la qualité du métier. Pire selon lui: la majorité des cantons ne semble pas avoir pris conscience de l'urgence de la situation.
"Nous devons continuer à faire pression en coopération avec le Syndicat des enseignants romands." Pour remédier à cette imminente pénurie, Beat W.Zemp préconise de "soigner l'attractivité du métier pour disposer de personnes jeunes et qualifiées." Mais les salaires demeurent encore trop bas pour être concurrentiels. De plus, selon la LCH, les principaux motifs de découragement sont dus à des parents insatisfaits ou des élèves à comportement problématique.
"Il faut donc de meilleures conditions de travail - salaires plus élevés, moins d'heures supplémentaires - mais aussi une meilleure définition des rôles de l'école", considère le président de l'association faîtière. Ce dernier réclame en outre une prolongation de la formation à 4 ans et demi, au lieu de trois ans, avec un master à la clé.
ats/hof