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Bochuz: la polémique enfle et s'invite en France

Le National a élaboré un contre-projet à l'intiative de l'UDC.
Un nouvel expert a été nommé pour faire toute la lumière sur l'affaire.
Le scandale né de la mort d'un détenu à Bochuz (VD) enfle: les médias français ont répercuté l'affaire en diffusant les coups de téléphone passés entre policiers, alors que la soeur du détenu s'est exprimée. La justice vaudoise va enquêter sur les fuites et un nouvel expert a été nommé pour éclaircir le drame.

Après la retranscription des conversations entre le pénitencier
et la police dans "Le Matin", des médias français ont diffusé ce
week-end des extraits des bandes sonores du 11 mars où l'on peut
entendre les échanges entre policiers avant leur intervention.
Elles contiennent également des noms d'employés de l'Etat.



Cet écho médiatique met la pression sur le conseiller d'Etat
Philippe Leuba qui vient de confier au Valaisan Claude Rouiller le
soin de mener l'enquête administrative. La radio RTL, première
radio de France en terme d'audience, France Inter et le "Journal du
Dimanche" notamment ont évoqué une "affaire effroyable" et diffusé
des extraits de conversations entre policiers. On y entend des
rires et des insultes alors que le détenu mourait asphyxié dans sa
cellule le 11 mars dernier.

"Ils l'ont laissé
mourir, et je dirais même, ils l'ont fait mourir"

L'avocate de la famille du
détenu

Pour l'avocate française du détenu,
mort asphyxié par les fumées de son matelas auquel il avait bouté
le feu, ces conversations révèlent "des comportements ignobles"
faits de "haine, de mépris et de sadisme".



Elle n'a pas ses mots: "ils l'ont laissé mourir, et je dirais
même, ils l'ont fait mourir dans une cellule qui s'est transformée
en chambre à gaz et ils le savaient", a déclaré lundi Me Isabelle
Coutant-Peyre à la Radio romande, qui a aussi diffusé les enregistrements sonores .

"Un otage"

L'avocate, qui défend cette cause également devant la Cour
européenne des droits de l'Homme, estime que le détenu était
"séquestré depuis 2001". A ses yeux, le détenu de Bochuz était "un
otage". "Son martyre" doit servir de leçon afin d'éviter d'autres
drames.

Pour l'avocat de la famille Nicolas
Mattenberger, si ces enregistrements n'avaient pas existé,
l'affaire aurait été enterrée, a-t-il déclaré sur la TSR. "On a
aussi des enregistrements après le décès, ces propos sont
totalement déplacés." Et l'avocat de dénoncer "l'amateurisme
complet des autorités" dans cette affaire.



Interrogée par la TSR, la soeur du détenu décédé est sortie de son
silence: "C'est diabolique, c'est un être humain avant d'être un
détenu", a-t-elle déclaré après avoir écouté les enregistrements
diffusés par la presse française. "On voit que les gardiens ne sont
pas pressés," a-t-elle ajouté.

Emprisonné depuis 12 ans

Le décès du détenu, incarcéré dans le quartier de haute sécurité
de Bochuz, a déjà suscité la polémique après la publication par Le
Matin des échanges téléphoniques entre la prison et la police. Ces
derniers ont montré que les intervenants ont tardé à intervenir et
qu'ils ont tenu des propos injurieux à l'égard du prisonnier.



D'après Le Matin, les gardiens auraient mis 90 minutes avant de
lui porter secours, attendant une ambulance et des unités spéciales
chargées de l'évacuation d'un détenu jugé dangereux par
l'administration pénitentiaire. Demandant une intervention des
forces spéciales, les interlocuteurs ont notamment parlé du détenu
en le qualifiant de "connard".



L'homme avait bouté le feu à son matelas, suite à un différend
avec les gardiens. Il est mort asphyxié dans sa cellule. Condamné à
20 mois de prison à l'âge de 18 ans, le prisonnier avait vu sa
peine commuée en internement. A 30 ans, il était



toujours en détention, considéré comme très dangereux par les
autorités, ce que conteste vivement l'avocate qui a refusé de
s'exprimer sur l'origine des fuites aux médias français.



agences/cab

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La justice vaudoise enquête sur les fuites

La justice vaudoise a précisé de son côté qu'elle menait deux enquêtes, l'une contre inconnu pour violation du secret de l'enquête et l'autre contre un journaliste pour publication de débats officiels secrets.

Des bandes sonores se baladent et des noms sont révélés, "c'est désagréable et dérangeant s'agissant de personnes qui ne sont pas des personnalités publiques", a relevé Jean Treccani, juge d'instruction cantonal.

Concernant la révélation de ces informations dans des médias français, Jean Treccani réfléchit à la manière dont il pourrait intervenir. En droit suisse, ces comportements seraient considérés comme de simples contraventions avec des amendes de 5000 et 10'000 francs.

Les lois pénales protègent mal les victimes de tels comportements, selon le juge. Il sera difficile d'obtenir l'entraide judiciaire étendue des autorités françaises face à une contravention, dont on ne sait pas si elle existe aussi en France.

Nouvel expert pour mener l'enquête

Ces rebondissements interviennent alors que le conseiller d'Etat Philippe Leuba a confié au Valaisan Claude Rouiller, ancien président du Tribunal fédéral, mènera l'enquête administrative l'affaire.

Il commencera son travail dans les jours à venir et rendra ses conclusions pour le 15 juillet, a annoncé lundi le Bureau d'information du canton de Vaud.

Choisi dans un premier temps pour remplir cette mission, l'ancien juge cantonal vaudois François Jomini a annoncé vendredi dernier qu'il renonçait.

Il expliquait ne pas vouloir "travailler dans un climat de suspicion", faisant ainsi allusion à un article de presse qui constatait que la responsable du Service pénitentiaire et l'ancien juge siégeaient dans l'organe de direction de la Fondation vaudoise de probation, "mettant ainsi en doute l'esprit d'indépendance avec lequel l'enquête précitée devait être menée".