L'initiative populaire "pour une Poste forte", qui doit être
officiellement déposée en juin, veut ancrer le service universel
dans la Constitution. Et en donner une définition stricte: réseau
couvrant tout le territoire ainsi qu'accès rapide et facile aux
prestations pour tous les habitants.
Une banque postale au menu
Pour financer ce modèle, le texte réclame le maintien du
monopole des lettres jusqu'à 50 grammes ainsi que le développement
du secteur bancaire de La Poste, en lui permettant de s'étendre au
marché des crédits et des hypothèques. Cette banque postale serait
détenue à 100% par le géant jaune.
"Il s'agit du seul concept crédible pour l'avenir du marché
postal", a déclaré le président du Parti socialiste Christian
Levrat devant la presse. Car sa formation ainsi que le Syndicat de
la communication et l'Union syndicale suisse (USS) vouent aux
gémonies une libéralisation totale.
Cela ne ferait qu'entraîner de graves problèmes comme des hausses
de prix, une dégradation de l'approvisionnement en services postaux
et une baisse des salaires. "Les expériences, parfois
catastrophiques, faites à l'étranger le montrent", a souligné le
première secrétaire de l'USS Rolf Zimmermann.
Soutien populaire "massif"
En revanche, seul le maintien d'un monopole partiel sur les
lettres permettrait de financer un service public digne de ce nom.
Quant à l'octroi d'une licence bancaire à la Poste, elle pourra
aider à régler la problème des entreprises trop grandes pour faire
faillite, de l'avis de Christian Levrat.
Les initiants font valoir un "soutien populaire massif" (120'000
signatures récoltées en cinq mois) pour contrer le projet de
libéralisation concocté par le Conseil fédéral.
Le Conseil des Etats n'a donné son aval que de justesse (20 voix
contre 19), les régions périphériques faisant bloc avec le camp
rose-vert. Quant à la commission préparatoire du National, elle a
préféré suspendre ses travaux et ne les reprendra que la semaine
prochaine sur la base de nouveaux scénarios.
Une libéralisation par étapes
La version proposée initialement par le Conseil fédéral mise sur
une libéralisation par étapes. Une révision de la loi doit préparer
les prochains changements après l'abaissement en juillet de la
limite du monopole de La Poste sur les lettres de 100 à 50
grammes.
Un an après l'entrée en vigueur de ce texte, le gouvernement
reviendrait devant le Parlement avec l'ouverture complète du
marché. Cet arrêté fédéral, comme la loi révisée auparavant,
seraient soumis au référendum. Selon le président du PS, une autre
variante reprendrait ce concept mais avec une seule possibilité de
référendum, en fin de parcours. Une troisième option reviendrait à
découpler le projet en trois en séparant les volets marché postal,
organisation de la Poste et libéralisation.
La gauche et les syndicats combattront par référendum toute
velléité d'ouverture totale du marché, ont martelé leur
représentants. Seule la quatrième variante (se limiter aux volets
marché et organisation) trouve grâce à leur yeux.
ats/cer
Moratoire sur les restructurations exigé
Les initiants réclament aussi de la direction de l'ex-régie fédérale qu'elle prononce un moratoire immédiat sur les fermetures d'offices de poste jusqu'à la votation sur l'initiative.
Le géant jaune devrait aussi renoncer d'ici là à tout nouveau projet de restructuration et octroyer une garantie de l'emploi à tout son personnel.