La Suisse a besoin de mesures supplémentaires pour contrôler les rachats stratégiques d'entreprises suisses par des fonds étrangers. Le National a adopté mardi par 96 voix contre 82 et 15 abstentions une motion du Conseil des Etats en ce sens.
Le texte du sénateur Beat Rieder (PDC/VS) demande notamment la mise en place d'une autorité chargée de contrôler les transactions visées. Les investisseurs venant de pays accordant la réciprocité à la Suisse ne seraient pas concernés. La motion est passée grâce à une alliance de la gauche et du PDC, malgré les recommandations négatives de la commission.
Une tendance internationale
"Une tendance internationale au rachat d'entreprises, ainsi que de leurs savoir-faire, se dessine actuellement", a souligné Leo Müller (PDC/LU). Des investisseurs de pays fonctionnant selon d'autres règles économiques et disposant de ressources financières toujours plus grandes sont attirés par les entreprises helvétiques. Les rachats de Syngenta ou Gategroup par des entreprises chinoises en sont deux exemples.
La motion ne vise pas à interdire ces investissements, mais à mieux les contrôler, a précisé le Lucernois. Elle entend mettre en place des mécanismes permettant d'intervenir dans le cas d'investissements problématiques effectués dans des entreprises jouant un rôle important dans les domaines de la sécurité et de l'ordre public.
De nombreux Etats, en particulier dans l'UE, ont récemment durci leurs règles en la matière, avance encore M. Müller. La Suisse doit suivre.
"Un interventionnisme inhabituel"
Invité de La Matinale de la RTS mercredi, le directeur de la Chambre d'économie publique du Jura bernois Patrick Lunder n'a, lui, pas constaté de crainte particulière au niveau des entreprises. S'il estime que davantage de contrôle est une "préoccupation louable", il s'interroge sur ce qu'il perçoit comme un "interventionnisme inhabituel".
"Quand on commence à évaluer la provenance de capitaux en fonction de critères géographiques, ça pose la question de l’équité. Je ne suis pas sûr qu'elle soit totalement résolue aujourd'hui", poursuit Patrick Lunder, qui estime qu'il vaut mieux "un investisseur qui souhaite pérenniser une entreprise que pas d'investisseur du tout".
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