Le débat autour de la vaccination du personnel de santé se poursuit. Si elle la recommande, l'Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) refuse toute obligation ou stigmatisation.
"La vaccination est la meilleure option pour se protéger et protéger les autres et pour maîtriser la pandémie", pointe jeudi l'association dans un communiqué. C'est pourquoi elle soutient la campagne nationale et encourage tous les soignants à tendre le bras.
Goutte d'eau en trop
Rendre la vaccination obligatoire pour le personnel infirmier, comme c'est déjà le cas dans plusieurs pays, n'est en revanche pas la bonne voie à suivre, à ses yeux. Ce serait même contre-productif.
"Pendant la pandémie, les soignants ont tout donné pour sauver des vies et éviter des souffrances. Ils l'ont souvent fait au prix d'un grand sacrifice personnel et, faute d'équipement de protection adéquat, en courant un risque élevé de contracter le Sars-Cov-2", explique Roswitha Koch, responsable du développement des soins infirmiers de l’ASI.
Une vaccination obligatoire pourrait être la goutte d'eau qui fait déborder le vase, poursuit-elle. Encore plus d'infirmiers et d'infirmières pourraient être poussés à quitter la profession. Les employeurs pourraient alors avoir des difficultés à trouver de nouveaux soignants et la qualité des soins en pâtirait.
Taux de vaccination similaire
Des questions éthiques et juridiques sont également soulevées, selon l'ASI. La proportionnalité d'une telle intervention dans l'intégrité corporelle et le droit à l'autodétermination par rapport aux bénéfices pour l'ensemble de la population doit être clarifiée en justice, si nécessaire.
Pour l'association, le respect des mesures de protection et l'extension de la stratégie de dépistage sont plus efficaces qu'une vaccination obligatoire. Et de noter que des chiffres, non représentatifs, suggèrent un taux de vaccination aussi élevé, voire plus élevé, chez le personnel infirmier que dans le reste de la population.
Rejet d'un badge
L'association rejette encore toute stigmatisation de ses membres. Pas question de faire porter un badge ou tout autre signe distinctif au personnel non vacciné. Une telle mesure, juridiquement discutable et disproportionnée, serait une atteinte inadmissible à la vie privée. Les soignants ne pouvant pas se faire vacciner pour des raisons médicales seraient particulièrement stigmatisés.
Pour le moment, les autorités suisses ont toujours refusé de rendre la vaccination obligatoire pour certaines catégories de la population. Elles préfèrent miser sur l'information et l'accessibilité aux vaccins.