Pour le journal fribourgeois La Liberté, le départ d'Alain Berset est somme toute logique. Et il arrive au bon moment: la population a accepté la révision de l'AVS et le sort du 2e pilier n'est plus entre ses mains.
L'échec de la réforme du système de santé est certes une ombre au tableau du Fribourgeois, "mais un autre ministre aurait-il fait mieux?", se demande La Liberté, qui rappelle que sa gestion de la pandémie a fait d'Alain Berset le conseiller fédéral préféré des Suisses.
"Quant à la médiatisation de ses affaires privées, elle aura certes malmené le premier de la classe, mais il s'en est sorti presque sans mal", juge le titre.
Pour le Parti socialiste, ce départ est "une bonne et une mauvaise nouvelle", relève encore La Liberté. C'est "l'assurance d'avoir de la visibilité durant toute la campagne pour les élections fédérales d’octobre, de profiler des personnalités".
A moins que les résultats des prochaines élections viennent brouiller les cartes. Un nouveau succès des Verts et des Vert'libéraux suscitera immanquablement des vocations
La Bernoise Simonetta Sommaruga ayant été remplacée par la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider, les Alémaniques ne laisseront pas passer leur tour, prévoit encore le journal. "A moins que les résultats des prochaines élections viennent brouiller les cartes. Un nouveau succès des Verts et des Vert'libéraux suscitera immanquablement des vocations".
Un département "difficile"
Alain Berset a eu le mérite, que n'ont pas eu tous ses collègues, de rester douze ans à la tête d'un département difficile et usant, juge 24 heures. Le journal vaudois remarque également que le Fribourgeois aura aussi brisé les ambitions gouvernementales de plusieurs socialistes vaudois.
24 heures admet que "le guide a perdu une grande partie de son crédit - et un brin de sa popularité" dans les affaires qui l'ont éclaboussé, notant que "sa capacité de résilience vaut toutes les casseroles antiadhésives du monde entier". "D’autres que lui seraient tombés pour bien moins que cela".
Sur un plan cantonal, 24 heures rappelle qu'Alain Berset avait barré la route du Conseil fédéral à Pierre-Yves Maillard en 2011. Et en ne démissionnant pas en même temps que Simonetta Sommaruga, il a à nouveau empêché son meilleur ennemi de retenter sa chance.
"Et puisque c'est déjà une femme romande qui siège désormais parmi les sept Sages, il risque bien, en partant, de fermer la porte à Nuria Gorrite ou Rebecca Ruiz. A moins que Guy Parmelin ne choisisse lui aussi de jeter l’éponge avant les fédérales", analyse encore 24 heures.
La campagne pour les fédérales est lancée
Avec ses capacités de compromis et son pragmatisme, Alain Berset a été l'un des conseillers fédéraux les plus puissants, juge Le Temps. Qui souligne que le socialiste fribourgeois a aussi lancé mercredi la campagne pour les élections fédérales.
Cette influence, dont il était très fier, il l'a aussi travaillée par son sens de la mise en scène
"Cette influence, dont il était très fier, il l'a aussi travaillée par son sens de la mise en scène", écrit l'éditorial du journal édité à Genève. Le titre relève ses capacités à sortir de la crise du Covid "malgré de très fortes pressions et des attaques d'une violence inégalée", ainsi que le succès de la révision de l'AVS.
Mais Le Temps rappelle aussi les échecs d'Alain Berset, en particulier les coûts de la santé et les primes maladie qui n'ont cessé d'augmenter. Et sur le dossier européen, le socialiste "s'est caché", regrette le journal.
L'annonce de mercredi n'arrange pas les affaires du PS, analyse encore Le Temps. Les Vert.e.s ont déjà annoncé qu'ils revendiquaient un siège au Conseil fédéral. En décembre, la majorité de droite pourrait tout à fait élire un écologiste pour diviser la gauche, selon le journal.
Alain Berset "n'a pas vraiment obtenu grand-chose"
Pour le Blick alémanique, "Alain Berset n'a pas vraiment obtenu grand-chose: son projet prestigieux, la réforme commune de l'AVS et des caisses de pension, a échoué devant le peuple. Les coûts de la santé, le deuxième grand chantier du département, continuent eux de croître."
Certes, écrit l'éditorialiste, "Alain Berset a pu imposer des mesures d'économie - sur le prix des médicaments et, en partie, sur les tarifs médicaux. Mais là aussi, il manque un coup de pouce". "De manière cynique", dit-il, "on pourrait dire que le seul grand héritage est qu'un conseiller fédéral PS a relevé l'âge de la retraite des femmes à 65 ans".
On pourrait dire que grâce à la pandémie, Alain Berset se rappellera au bon souvenir de tous. Pour son plus grand bonheur
Alain Berset a globalement bien géré la pandémie, "même s'il y a eu des erreurs de décision et des pannes" et "même s'il a été traité plus durement que jamais", reconnaît toutefois le journal. "Il a été pour le pays la boussole dont il avait besoin, comme le montrent de manière impressionnante les sondages de popularité. Même ses scandales et ses escapades, la population les lui a pardonnés".
"De manière cynique", conclut le Blick, "on pourrait dire que grâce à la pandémie, Alain Berset se rappellera au bon souvenir de tous. Pour son plus grand bonheur."