"Nous sommes confrontés à une tâche énorme. Aucun effort de déminage de ce type n'a été nécessaire au 21ème siècle, l'Ukraine étant devenue le pays le plus miné au monde", a déclaré le Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal, lors de la journée d'ouverture de la conférence internationale contre les mines en Ukraine qui se tient à Lausanne pendant deux jours.
"L'invasion russe a fait qu'environ un quart de notre pays est potentiellement recouvert de mines et de bombes non explosées", a-t-il ajouté. "L'ampleur de ce défi est vraiment considérable. Nous parlons d'une zone d'environ 140'000 kilomètres carrés, soit près de trois fois la taille de la Suisse. Derrière ces chiffres se cachent la sécurité et la vie de millions d'Ukrainiens", a observé Denys Chmyhal.
Nous sommes confrontés à une tâche énorme. Aucun effort de déminage de ce type n'a été nécessaire au 21ème siècle
"Appel de Lausanne"
Des dizaines de pays se sont engagés dans un Appel de Lausanne à rendre les terres contaminées par des mines et des explosifs en Ukraine à nouveau sûres et aussi exploitables pour l'agriculture. Jeudi, un document a été dévoilé lors de la conférence ministérielle sur cette question.
"Le déminage humanitaire est la réponse essentielle, la réponse première, la phase zéro de la reconstruction", a souligné le conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères Ignazio Cassis.
Le texte invite les États à prendre des mesures concrètes en faveur "du déminage humanitaire en Ukraine", telles que la réhabilitation rapide et sûre des zones agricoles, la réinsertion économique et sociale des victimes souffrant de handicaps ou encore la promotion des méthodes et des technologies innovantes pour améliorer l'efficacité de la lutte antimines.
Aide de la Suisse
Au début de la conférence, la présidente de la Confédération Viola Amherd a annoncé que la Suisse allait livrer trois machines de déminage pour l'Ukraine. C'est l'entreprise schwyzoise Global Clearance Solutions (GCS) qui va fabriquer ces systèmes.
"Nous sommes résolus à continuer à faire notre part", a-t-elle affirmé jeudi. "Chaque explosif improvisé que nous désamorçons est une étape vers la sécurité" et l'amélioration de la situation de la population, a-t-elle dit.
Les systèmes de l'entreprise schwyzoise Global Clearance Solutions (GCS) seront acheminés cette année. "Cela permettra des opérations de déminage efficaces et sûres, de manière indépendante, à l'avenir", a insisté Viola Amherd devant le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal et les représentants de dizaines de pays, des ONG ou encore du secteur privé.
Partenariat de 4,6 millions de francs
Outre cette infrastructure, un encadrement des acteurs ukrainiens fait partie du partenariat de 4,6 millions de francs avec l'entité ukrainienne d'aide en cas de catastrophe, financé entièrement par la Confédération. GCS est le numéro un du marché pour les machines de déminage en Ukraine.
L'entreprise travaille avec l'ONU et plusieurs ONG, comme la Fondation suisse de déminage (FSD) qui emploie actuellement plus de 600 personnes dans le pays. Elle s'attend à ce que 100 de ses machines soient utilisées d'ici 2025 en Ukraine.
L'année dernière, un système de déminage à distance de la fondation bernoise Digger avait déjà été acheminé pour les autorités ukrainiennes. Deux suivront prochainement.
Centaines de machines
Au total, la Suisse a prévu 100 millions de francs jusqu'en 2027 pour le déminage dans ce pays. La semaine dernière, le Conseil fédéral avait annoncé qu'une enveloppe de 30 millions serait attribuée à la FSD pour élargir ses activités dans les régions de Kharkiv et Kherson.
ats/hkr/lan