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"A long terme, il y a un risque de faillite pour certaines écoles de ski", selon Stéphane Cattin

L'invité de La Matinale (vidéo) - Stéphane Cattin, directeur de Swiss Snowsports
L'invité de La Matinale (vidéo) - Stéphane Cattin, directeur de Swiss Snowsports / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 15 min. / le 29 février 2024
Selon le directeur de l'association faîtière des 150 écoles suisses de ski, pour assurer leur pérennité, de nombreuses écoles adoptent des approches novatrices. Par exemple, en cas d'absence de neige, elles n’hésitent pas à se déplacer vers d’autres stations plus enneigées, assurant ainsi la continuité de leur enseignement.

Stéphane Cattin, directeur de Swiss Snow Sports, association faîtière des 150 écoles suisses de ski, était jeudi l'invité de La Matinale de la RTS. Selon lui, en Suisse, certaines régions bénéficient encore d’une abondance de neige. Il cite en exemple le marathon de l’Engadine du week-end dernier qui a dû être raccourci à cause de chutes de neige exceptionnelles de plus d’un mètre et demi.

Cependant, l’Arc jurassien et les Préalpes fribourgeoises souffrent d’un manque de neige et "ces régions sont vraiment à la peine", affirme-t-il.

Il explique qu'il n'est pas particulièrement inquiet pour les travailleurs de ce secteur de l'Arc jurassien, car, selon lui, dans cette région "on ne peut pas prétendre pouvoir vivre de cette activité-là".

En revanche, il exprime plus d’inquiétudes pour les employés des Préalpes. Il souligne "qu'il y a un certain nombre de personnes engagées à la saison. Ces gens-là ne peuvent pas, du jour au lendemain, passer à leur deuxième activité".

La loi ne permet pas de pouvoir toucher du chômage partiel simplement parce qu'il manque de la neige

Stéphane Cattin, directeur de Swiss Snow Sport

Le secteur ne peut pas bénéficier de soutiens étatiques tels que le chômage partiel., "On ne peut pas toucher ce genre de subventions, la loi ne le permet pas ", observe le directeur. Ce risque fait partie de l’activité, "l’entité est censée pouvoir se diversifier pour compenser l’éventuel manque de neige", ajoute-t-il.

Le défi est donc énorme pour les écoles qui emploient des dizaines de moniteurs et monitrices et qui se retrouvent sans neige. "Il y a un risque de faillite pour certaines écoles, surtout pour celles qui n'ont pas beaucoup de réserve", dit-il.

Cependant, il note que plusieurs d'entre elles deviennent maintenant des écoles nomades. Par exemple, pour enseigner, l’école suisse de ski de Genève se déplace régulièrement vers différentes destinations, garantissant ainsi du travail à ses professeurs.

Cela fait déjà des années que les écoles de ski se diversifient. Elles proposent des randonnées en raquettes, ou encore des cours de bike durant l'été

Stéphane Cattin, directeur de Swiss Snow Sport

Il explique également qu’il existe un plan B pour ces écoles de basse et moyenne montagne. Face au problème d’enneigement, il y a deux ans, l’association a acquis un produit qu’elles peuvent promouvoir durant les périodes sans neige. Il s’agit de l’enseignement du vélo aux enfants à travers les écoles de ski.

Les moniteurs et monitrices de ski sont capables d’enseigner d’autres sports, selon Stéphane Cattin, car ils possèdent "une formation qui mène jusqu'à un brevet fédéral qui est l'équivalent finalement d'une haute école". Grâce à des passerelles, leurs diplômes permettent l'accès à d’autres formations raccourcies, notamment dans le vélo.

En trois jours, nos professeurs de ski sont capables d'obtenir une équivalence (...) en bike

Stéphane Cattin, directeur de Swiss Snow Sport

"On travaille avec l'association faîtière du vélo Swiss Cycling. En fait, en trois jours, nos professeurs sont capables d'obtenir une équivalence pour la formation de base", déclare Stéphane Cattin.

Pour les familles passionnées de ski, la solution pour continuer à profiter de ce sport sera de se diriger vers des sites sur lesquels la neige est toujours disponible. Le directeur de Swiss Snow Sport cite en exemple les Diablerets, où plusieurs écoles ont déjà relocalisé leurs activités cet hiver.

"Après, il ne faut pas peindre le diable sur la muraille. Cela fait deux ans que l'on a un problème de neige dans certaines régions. On a bon espoir que cela se rééquilibre", tempère-t-il. Selon lui, la pratique du ski en Suisse n’est pas menacée ou condamnée.

Propos recueillis: Pietro Bugnon

Adaptation web: Miroslav Mares

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