Alors qu'il était âgé de 23 ans pour sa première course en solitaire, Alan Roura aura 31 ans pour ce troisième chapitre qui débutera le 10 novembre prochain, pour près de quatre mois.
"J'ai hâte", se réjouit-il sur le plateau de la RTS. "Ça fait quatre ans que je rêve d'y retourner (...) Je n'ai qu'un seul objectif en tête aujourd'hui: prendre le départ de cette course et aller au bout." Et cela malgré sa difficile expérience lors de son dernier Vendée Globe entre 2020 et 2021 pendant lequel il a rencontré plusieurs problèmes techniques.
Il y a une part d'attirance et de danger (...) qui fait que, même si cela fait peur et que c'est dangereux, on a envie d'y retourner
>> Sur ce sujet, lire : Alan Roura a bouclé son 2e tour du monde en 95 jours
Mais Alan Roura ne veut pas en rester là: pour lui, le danger que représente la mer fait aussi tout son charme. "Il y a une part d'attirance et de danger dans la relation entre l'homme et la mer, qui fait que, même si cela fait peur et que c'est dangereux, on a envie d'y retourner."
Plus "mature" et plus "expérimenté"
Celui qui était le plus jeune compétiteur de l'histoire de la course lorsqu'il y a participé pour la première fois admet des changements en 10 ans. Il dit avoir pris de "la maturité en tant que marin et homme", gagné de l'expérience. C'est son troisième Vendée Globe, insiste-t-il, et, "maintenant, je sais exactement ce que je veux en termes de préparation en amont et sur le bateau. Donc, je pars beaucoup plus serein. C'est un avantage que je n'avais pas à l'époque", reconnaît-il.
Pour ce troisième tour du monde en solitaire, Alan Roura suit une préparation stricte: du vélo car "c'est assez complet et ça fait le cardio" et deux séances de renforcement musculaire par semaine "pour anticiper les bobos qu'on peut avoir sur le bateau" et pour "muscler le dos et les jambes" afin d'anticiper le retour à terre. "On marche très peu sur un bateau, donc on perd beaucoup de masse musculaire au niveau des jambes", explique le navigateur qui anticipe une "rééducation moins longue".
On est seul avec soi-même et on est seul maître de ses prises de décisions. C'est génial
Il est également suivi par un coach mental une fois par semaine. "Il me drive sur mes objectifs, ma manière de fonctionner, m'aide à me poser les bonnes questions au bon moment." Car, comme il le souligne sur le plateau d'Helvetica, pour le Vendée Globe, il sera tout seul au milieu de l'eau, d'où la nécessité d'avoir confiance en soi pour faire les meilleurs choix.
D'autant que les navigateurs sont particulièrement sujets à des problèmes de santé. Alan Roura a, lui, été opéré à l'œil en juillet dernier suite à un ptérygion qui l'a "énormément" fatigué. Il dit aussi avoir "perdu beaucoup d'audition sur l'oreille droite" et avoir "une double hernie discale depuis un certain nombre d'années".
La solitude comme moteur
Malgré ces tracas, le Genevois a envie d'y retourner. "On est les seuls à savoir ce qu'il se passe" sur notre bateau, explique-t-il. La solitude est totale et il n'y a aucun autre endroit sur Terre où il est possible de l'être à ce point, selon lui, même en montagne. "On n'est que 100 marins à avoir participé au Vendée Globe, contre 300 astronautes dans l'espace", ajoute-t-il.
"On est seul avec soi-même et on est seul maître de ses prises de décisions. C'est génial!"
Mais le marin installé à Lorient en Bretagne se réjouit aussi de rentrer après une expédition pour voir sa famille. C'est l'équilibre qu'il a trouvé: "Quand je suis en mer, je fais du bateau et je ne pense qu'au bateau. Par contre, quand je suis à terre, je suis présent dans la famille (...) Ça fonctionne plutôt bien", dit-il.
Propos recueillis par Jennifer Covo
Article web: Julie Marty