Alexandre Fasel: "Engager des négociations avec l'UE est une expression de notre souveraineté"
La question de la souveraineté suisse et de sa perception par les partenaires européens est au coeur des pourparlers actuels, explique jeudi dans La Matinale Alexandre Fasel, le numéro deux de la diplomatie suisse.
Les négociations, qui ont démarré le 19 mars, se déroulent à un rythme soutenu, souligne-t-il. Actuellement, quatorze domaines spécifiques sont en cours de tractation. "Nous raffermissons notre coopération avec l'UE sur différents programmes. C'est un ensemble de paquets très importants, il correspond à la demande et aux intérêts de la Suisse", spécifie le diplomate.
Changement et signaux positifs
Après une phase exploratoire et de sondages effectués pendant deux ans, Alexandre Fasel estime que les deux parties ont une compréhension plus approfondie: "Nous avons une idée claire de ce que nous souhaitons discuter ensemble, et surtout, nous avons identifié les solutions que nous envisageons conjointement".
Le terrain d'entente est prêt. J'en suis sûr, la négociation sera fructueuse
Lors des précédents rounds de l’accord-cadre, Alexandre Fasel estime que la difficulté résidait dans une divergence d’approches. Pour l'illustrer, il utilise une métaphore: "Le problème que nous avions, c’est qu’une équipe voulait jouer au foot et une autre faire une course d’orientation. Donc, nous ne parlions pas de la même chose. Techniquement parlé, nous étions dans une négociation, mais nous n'arrivions pas à nous trouver".
Il souligne que le fait d’être actuellement en négociation, d’avoir une vision claire des ambitions communes et de vouloir conclure, si possible, d’ici la fin de l’année sont des signaux positifs.
Méfiance et souveraineté suisse
Selon le secrétaire d’Etat, l’engagement de la Suisse dans ces pourparlers est "une expression de notre souveraineté". Chaque camp a des intérêts clairement définis à défendre. Il s’agit donc de trouver un terrain d’entente.
Les négociations actuelles se déroulent dans un contexte dans lequel la Suisse s’apprête à voter sur une nouvelle initiative de l’UDC remettant en question la libre circulation des personnes. Pour Alexandre Fasel, cela montre à l’Union européenne à quel point le débat en Suisse est animé, en particulier sur la question de la libre circulation des travailleurs.
La Suisse négocie un système de protection complet qu’elle a mis en place pour se protéger. Cela comprend la protection des salaires, le marché du travail et l’immigration. Alexandre Fasel explique que ces revendications des syndicats correspondent également à ce que souhaite le Conseil fédéral et à ce qui est établi dans le mandat.
Le résultat doit être équilibré et les deux parties doivent se reconnaître quand ils le comparent. Et j'ai bon espoir que c'est exactement ce que nous allons réussir à faire
Cependant, il souligne que pour qu’une négociation aboutisse, le résultat doit être équilibré et les deux parties doivent se reconnaître. Des solutions potentielles, appelées "zones d’atterrissage", ont été conjointement développées.
"Un document politique est maintenant transvasé dans une série de documents juridiques. C'est l'élément de cette négociation", ajoute le diplomate.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Miroslav Mares