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Anna Fontcuberta i Morral: "L'EPFL doit assurer l'excellence"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Anna Fontcuberta i Morral, nouvelle présidente de l'EPFL
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Anna Fontcuberta i Morral, nouvelle présidente de l'EPFL / La Matinale / 15 min. / le 28 mars 2024
Anna Fontcuberta i Morral, qui sera la première femme à diriger l'EPFL, a promis jeudi dans La Matinale d'oeuvrer à ce que son école "assure l'excellence dans les domaines porteurs". Cette scientifique spécialisée dans les semi-conducteurs annonce plusieurs défis pour y parvenir.

Anna Fontcuberta i Morral, qui a été nommée par le Conseil fédéral, prendra la présidence de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne en remplacement de Martin Vetterli à partir du 1er janvier 2025.

Face aux défis qui l'attendent, la nouvelle dirigeante ne sait pas encore sur lequel elle se penchera en premier. "Je vous en reparlerai à l'automne", lance-t-elle. En tout cas, elle prévoit de garder une "petite activité de recherche" dans son laboratoire en parallèle de son nouveau poste. "Pour moi, c'est important d'avoir les pieds sur terre", justifie-t-elle.

>> Relire : Anna Fontcuberta i Morral succède à Martin Vetterli et devient la première présidente de l'EPFL

"L'EPFL doit assurer l'excellence dans les domaines dans lesquels elle l'est aujourd'hui et dans ceux qui seront porteurs dans les années à venir pour pouvoir soutenir l'économie de la Suisse", assure-t-elle au micro de la RTS.

La ressortissante hispano-suisse indique qu'il faut "dimensionner la taille de l'EPFL" pour atteindre cet objectif, tout en s'assurant de "la qualité de l'éducation".

Nous n'avons pas l'infrastructure pour assurer la croissance (du nombre d'étudiants, ndlr), donc nous la freinons temporairement

Anna Fontcuberta i Morral, nouvelle présidente de l'EPFL

Moins d'étudiants étrangers, autant de suisses

"Cette croissance (du nombre d'étudiants, ndlr) étant beaucoup plus rapide qu'on l'attendait, nous n'avons pas l'infrastructure aujourd'hui pour l'assurer. C'est pour cela qu'on la freine temporairement", justifie Anna Fontcuberta i Morral. "Une fois qu'on aura toutes les infrastructures, l'idée est qu'on puisse lever ce frein."

Parmi les mesures envisagées, la nouvelle présidente de l'EPFL évoque les recrutements des étudiants "sur dossier". Cela freinera donc l'arrivée des étrangers. "Malheureusement, on doit faire comme cela", regrette-t-elle.

Dans le détail, les étudiants évalués sur dossier ne passeront pas d'examen, précise Anna Fontcuberta i Morral. Ils seront évalués sur les notes obtenues lors des examens "équivalents de la maturité".

En revanche, Anna Fontcuberta i Morral ne touche pas au recrutement des étudiants et étudiantes suisses directement après leur maturité. "Ça, ça reste", promet-elle.

A noter que l'EPFL forme actuellement 14'000 étudiants, toutes filières confondues. "Tout le monde se connaît, on peut traverser le campus en moins de dix minutes", illustre celle qui qualifie l'établissement d'école "à taille humaine".

>> Ecouter aussi le sujet de La Matinale sur les attentes vis-à-vis de la nouvelle directrice :

Le logo de l'EPFL. [Keystone - Laurent Gillieron]Keystone - Laurent Gillieron
Quelles attentes pour la nouvelle présidente de l'EPFL / La Matinale / 59 sec. / le 28 mars 2024

Maintenir la qualité, malgré les coupes dans le budget

Dans un contexte de réduction des budgets des Ecoles polytechniques fédérales (EPF), Anna Fontcuberta i Morral n'a pas de rancoeur envers le Conseil fédéral. Elle fera tout pour que la qualité de l'établissement lausannois ne soit pas impactée, même si le gouvernement a annoncé en janvier une coupe de 100 millions de francs par an à partir de 2025.

"Je pense que le Conseil fédéral est très solidaire avec nous (...) Les finances sont ce qu'elles sont (...) donc on est obligés de faire comme ça." On va être créatifs pour continuer à ce que l'EPFL soit excellente, ajoute-t-elle.

"Je ne peux pas vous dire aujourd'hui ce qu'on va faire. En tout cas, c'est le bien-être de l'EPFL qui va rester en vue", promet-elle.

>> Pour en savoir plus, lire : Premières mesures à 2 milliards de francs pour assainir les finances fédérales et Les investissements pour la recherche et la formation entre 2025 et 2028 revus à la baisse

Pour rappel, son prédécesseur Martin Vetterli s'était montré plus offensif face à ces annonces de coupes budgétaires: "On commence vraiment à tirer sur la corde", avait-il lancé dans l'émission Forum le 29 janvier. "Chacun son style", se défend Anna Fontcuberta i Morral.

>> Réécouter l'interview de Martin Vetterli dans Forum :

Le Conseil fédéral réduit le budget des Ecoles polytechniques fédérales: interview de Martin Vetterli
Le Conseil fédéral réduit le budget des Ecoles polytechniques fédérales: interview de Martin Vetterli / Forum / 4 min. / le 29 janvier 2024

Réintégrer le programme européen

L'exclusion de la Suisse du programme de recherche européen Horizon est un autre défi pour la nouvelle présidente de l'EPFL. "Il faut absolument qu'on puisse intégrer le programme européen. C'est très important pour les chercheurs", explique-t-elle. "La science, c'est un réseau (...) Quand on est exclu des projets, on ne fait plus partie du club, ce qui a des conséquences importantes."

Anna Fontcuberta i Morral indique encore que "rester à l'écart des développements nuit à nos chercheurs et à nos start-ups". Donc c'est une "excellente nouvelle qu'on recommence les négociations" avec l'Union européenne, se félicite-t-elle.

>> Voir les explications sur cette exclusion dans le 19h30 :

La Suisse a été exclue du programme de recherche Horizon Europe. Inquiétude des scientifiques et du monde économique
La Suisse a été exclue du programme de recherche Horizon Europe. Inquiétude des scientifiques et du monde économique / 19h30 / 1 min. / le 26 janvier 2022

>> Pour aller plus loin sur le sujet, lire : Un an plus tard, quel avenir pour la recherche suisse après l'abandon de l'accord-cadre? et L'exclusion d'Horizon Europe désavantage la recherche suisse, selon une enquête

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Julie Marty

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La première femme à la tête de l'EPFL

Anna Fontcuberta i Morral est la première femme à la tête d'une EPF, signe que les établissements sont en route vers la parité hommes-femmes. L'EPFL est actuellement composée à deux tiers d'hommes et un tiers de femmes, alors que huit professeurs sur dix sont des hommes.

"C'est une bonne nouvelle", se réjouit la nouvelle présidente qui pense avoir été sélectionnée pour ses qualités et son "bon programme".

"Les choses se sont beaucoup améliorées, surtout à l'EPFL", observe-t-elle. "Il y a 20 ans, on pouvait compter sur les doigts de la main le nombre de professeures femmes à l'EPFL. Ça a évolué."