Anna Fontcuberta i Morral: sans Horizon Europe, pas de "marché européen pour nos entreprises"
"Ça m'a beaucoup inquiété", indique Anna Fontcuberta i Morral sur le plateau de la RTS. "On est exclu de tout ce qui est stratégique, comme les technologies quantiques, bien que l'on puisse participer à certains programmes."
Celle qui prendra la tête de l'EPFL au 1er janvier 2025 souligne que la période actuelle est marquée par le développement de technologies comme l'intelligence artificielle et que celles-ci "deviennent stratégiques". Elle craint donc que la Suisse "s'isole trop" à être exclue de ce programme dédié à la recherche et l'innovation. "J'ai l'espoir que ça va s'inverser avec les négociations, qu'on va revenir et donc que ça ira bien", rassure-t-elle toutefois.
On est exclu de tout ce qui est stratégique, comme les technologies quantiques, bien que l'on puisse participer à certains programmes
La Suisse a été exclue d'Horizon Europe (2021-2027) en 2021, après l'abandon des négociations sur l'accord-cadre avec l'Union européenne (voir encadré).
>> Pour aller plus loin sur ce sujet, lire : L'exclusion d'Horizon Europe désavantage la recherche suisse, selon une enquête et Un an plus tard, quel avenir pour la recherche suisse après l'abandon de l'accord-cadre?
"Cela menace l'accès de nos entreprises au marché européen"
Anna Fontcuberta i Morral donne l'exemple des technologies quantiques, qui sont "la pointe de la technologie". Elle estime qu'elles vont "révolutionner (...) la communication" et la rendre "plus sécure".
Ces découvertes se font grâce aux échanges, assure Anna Fontcuberta i Morral. Donc le fait de ne pas pouvoir y participer empêche la Suisse d'être à la pointe, explique-t-elle. "Cela coupe les scientifiques, mais aussi les entreprises."
Ce n'est pas parce qu'on est le meilleur aujourd'hui qu'on le sera demain. C'est un travail de tous les jours
Selon celle qui va succéder à Martin Vetterli, beaucoup d'entreprises se développent grâce à l'argent des programmes. "Or, on n'a pas d'équivalent en Suisse. Donc ces entreprises qui sont en train de se former, qui sont en train de monter, elles n'ont plus de financement. Cela nuit à leur progression et à leur accès au marché européen également", poursuit-elle.
La ressortissante hispano-suisse ajoute que même si la Suisse est excellente dans ce domaine, elle ne doit pas s'asseoir sur ses acquis. "Ce n'est pas parce qu'on est le meilleur aujourd'hui qu'on le sera demain. C'est un travail de tous les jours."
>> Lire aussi : Anna Fontcuberta i Morral: "L'EPFL doit assurer l'excellence"
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Julie Marty
Un programme européen pour la recherche et l'innovation sans la Suisse
Alors que la Suisse avait participé au programme Horizon 2020, elle a été exclue de celui qui s'étend de 2021 à 2027 dès son début. Elle a été classée comme "pays tiers non associé", ce qui lui permet tout de même de participer à certains programmes. Mais les chercheuses et chercheurs helvétiques sont en principe exclus des projets individuels, qui représentent environ un tiers du programme.
Horizon Europe peut compter sur un budget de 95 milliards d’euros, ce qui en fait le programme le plus grand au monde.