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Appel à un débat public sur un projet d’enfouissement des déchets nucléaires

Un projet d'enfouissement des déchets nucléaires près de Zurich fait polémique
Un projet d'enfouissement des déchets nucléaires près de Zurich fait polémique / 19h30 / 2 min. / le 15 novembre 2024
La Suisse avance sur le stockage des déchets nucléaires: la Nagra s’apprête à déposer une demande pour un dépôt en profondeur dans le nord du Lägern. Mais tandis que les autorités examineront ce projet dès 2029, une coalition d’experts et d’organisations appelle déjà à une consultation populaire.

Le projet vise à enfouir des déchets nucléaires à 800 mètres de profondeur dans un site souterrain à Stadel, à cheval entre les cantons de Zurich et d’Argovie. Ce lieu a été sélectionné par l’Office fédéral de l’énergie comme le plus adapté après des études géologiques approfondies. Les déchets, encapsulés dans des galeries bétonnées, seraient entreposés pour une période d’un million d’années, selon les prévisions de la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra).

Cette dernière déposera mardi prochain sa demande d’autorisation auprès de la Confédération, accompagnée de treize documents basés sur 200 rapports scientifiques d'un total d'environ 30'000 pages. L’objectif est de sécuriser les matières radioactives produites par l’industrie nucléaire suisse. Les premières étapes du stockage ne commenceraient pas avant 2050 pour les déchets faiblement radioactifs, et 2060 pour les plus dangereux.

>> Revoir le reportage du 12h45 sur les archives de la Nagra :

La Nagra, en charge du stockage des déchets radioactifs, ouvre ses archives au public en Argovie
La Nagra, en charge du stockage des déchets radioactifs, ouvre ses archives au public en Argovie / 12h45 / 2 min. / le 20 juin 2024

Un appel à la prudence et à la réflexion

Si l’initiative est saluée pour sa volonté de gérer durablement les déchets, des experts et associations jugent que certaines questions restent en suspens. Une coalition, réunie sous le nom "Décharge nucléaire en profondeur devant le peuple!", demande un débat national. Elle souhaite qu’une votation populaire soit organisée, jugeant que le projet, par son ampleur et ses impacts, nécessite une légitimité démocratique.

Harald Jenny, physicien et membre d’un comité d’experts, souligne des incertitudes géologiques. "Il est impossible de garantir que la géologie du sous-sol restera stable sur une si longue période. Il faut envisager d’autres solutions et ne pas se précipiter." Les opposants proposent de poursuivre les recherches pour transformer les déchets en matériaux moins toxiques ou même réutilisables, au lieu de simplement les enfouir. "Enterrer et oublier n’est pas une solution", insistent-ils.

>> Réécouter aussi le reportage du 12h30 :

La potentielle radioactivité des déchets nucléaires de l'ancienne centrale bernoise de Mühleberg est l'enjeu principal du futur site de dépôt de ces rebuts de l'atome bientôt stockés dans le canton de Zürich. [Keystone - Petra Orosz]Keystone - Petra Orosz
Quatre organisations demandent une votation sur le projet d’enfouissement de déchets nucléaires en Argovie et à Zurich / Le 12h30 / 1 min. / le 15 novembre 2024

Les inquiétudes autour du site

Le choix de Stadel, dans une région proche de l’aéroport de Zurich, du Rhin et de zones densément peuplées, suscite également des préoccupations. Selon Karin Joss, de l’association LoTI, "un problème d’envergure nationale ne devrait pas être concentré dans un site localement vulnérable". Les opposants pointent également le risque pour les eaux souterraines et l’absence de solutions techniques éprouvées pour garantir la récupération des déchets si nécessaire.

Pour cette coalition, une décision aussi engageante nécessite de temporiser. "Nous devons attendre d’avoir une vision complète des déchets à gérer après la sortie du nucléaire", ajoute Karin Joss. Les experts estiment qu’un délai supplémentaire permettrait aussi d’intégrer de nouvelles avancées scientifiques.

Vers une consultation en 2029

Le Conseil fédéral et le Parlement examineront la demande de la Nagra à partir de 2029. Si le projet est accepté, un référendum facultatif pourrait être lancé, et les travaux commenceraient dès 2045. Les opposants promettent d’utiliser tous les moyens démocratiques pour obtenir une consultation populaire.

En attendant, le débat se cristallise autour de la sécurité, de la faisabilité et de l’éthique d’un tel projet. La Suisse, confrontée à une responsabilité unique par l’ampleur temporelle du stockage, devra peser chaque choix avec soin.

ther avec ats

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